Utopiales 2010
Publié le 20 Novembre 2010
Sous la pression amicale de Fashion et de Yueyin, je suis obligée de raconter mes aventures aux Utopiales de Nantes. C’est que je ne voudrais pas être obligée de chanter tout Frank Michael en moldave et en lévitation comme maître Yoda.
Bon, le problème, c’est que je n’ai pas grand-chose à raconter. Je n’ai pris aucune photo, peu de notes et je n’ai jamais rien à dire à des auteurs vivants dont je n’ai pas lu les livres. En plus, je voulais acheter le moins de livres possibles. Je vais quand même tenter l'impossible.
Pour commencer, je voudrais rendre hommage à mon parapluie qui a donné sa vie sur l'autel de la science-fiction (enfin, on murmure dans les milieux autorisés que c'est surtout sur le champ d'honneur de la bière qu'il est mort). A Nantes, je suis sûre que la pluie est plus mouillée qu'ailleurs malgré les dénégations des locaux.
Qu'ai-je donc vu au cours de ces Utopiales?
Des blogueurs réunis à l’instigation de Guillaume le Traqueur Stellaire. J’ai eu le plaisir de revoir Lhisbei et Tigger Lilly et de rencontrer A.C. de Haenne, See Mee et Laure. La soirée était très bonne et comme on n’a pas vu le temps passer je pense que Guillaume est grillé dans ce restaurant. Mais bon, si on se dépêche de déposer le brevet pour un vaisseau spatial à éolienne ou à panneaux solaires, cela ne sera pas en vain.
Des gens venus d’un autre monde
Lhisbei a pris des photos des cosplays steampunk, quelle bonne idée !
Des expositions qui m’ont inspiré quelques réflexions très diverses
- Ne laissez plus jamais Bernard Werber écrire sur de magnifiques images de Verne retravaillées par l’Inserm. J’ai découvert que son écriture est d’une platitude affligeante, je préférais vivre dans l’illusion (je le dis avec d’autant moins de snobisme que j’ai apprécié Les fourmis). Les images de « Science / Fiction : voyage au coeur du vivant » étaient quand même superbes.
- J’ai éprouvé l’extase devant l’exposition des illustrations de Didier Graffet sur La Compagnie noire de Glen Cook, sur L’anneau des Nibelungen et surtout, devant celle qui m’a époustouflée, sur l’île mystérieuse de Jules Verne.
Des images de ces expositions chez Tigger Lilly
Des conférences
- L’uchronie: quelles limites?
Avec Fabien Clavel, Frédéric Delmeulle, Ugo Bellagamba et Laurent Poujois (et G le pénible qui connaît tout de l’uchronie moldo-valdaque entre 1975 et août 1976 et qui tient absolument à le faire savoir à la terre entière même s’il est hors sujet et qu’il n’a pas de micro. Je sais que Brize peut comprendre le désespoir qui s'empare de vous dans ces moments là.)
Les intervenants étaient intéressants, avec des interrogations sur l'inversion du point de vue, la façon dont on conçoit l'histoire et qu'est-ce qui déclenche un événement? Ses acteurs ou une forme de déterminisme.
- L'uchronie: un genre européen?
Avec Serge Lehman, Scott Westerfeld, Ronan Toulhoat et Vincent Brugeas
Moins intéressante sur le fond, cette conférence réunissait néanmoins des passionnés qui ont parlé de leurs livres avec beaucoup d'intelligence.
- Mon ami le robot
Avec Frédéric Boisdron, Gérard Klein et Ian Mc Donald
La conférence a très vite dérivé sur l'Intelligence artificielle et notamment sur un débat sur la possibilité ou non d'y
parvenir à plus ou moins long terme, sachant que l'on a bien du mal à définir le terme d'intelligence.
Des auteurs
Enfin, les auteurs, je les ai vus surtout de loin (dans le cas d’Igor Bogdanoff, c’était volontaire, j’aurais eu du mal à exprimer rationnellement tout le bien que je pense de lui). Je n’ai parlé qu’à Scott Westerfeld, dont le dernier roman, Léviathan, m’intrigue assez pour que je craque. Ce n’était pas faute de tentations, la librairie était particulièrement bien fournie.
Le stand de la revue Présence d’esprits
On n’y trouve pas un seul medium mais des fanzines aux articles très intéressants si j’en crois le peu que j’ai lu pour le moment et on y trouve aussi un très bon vendeur, Traqueur stellaire. Présence d’esprits, c’est un peu comme à la boucherie, on a droit a des « y’en a un peu plus, j’vous l’mets quand même ? » alors si j’ai acheté des trucs à lire, c’est de la faute de Guillaume. Mais bon, ça ne compte pas, une revue, ce n’est presque pas un livre.
Des films
Hunter Prey
de Sandy Collora (2010)
Un film qui aurait pu être très correct et qui ne l’est pas. Bon, pour commencer, il y a eu publicité mensongère. On nous promet de l’orc de l’espace avec une très très grosse arme et l’orc, on le voit à peine cinq minutes. Et les armes… si on considère que l’arme est un symbole phallique, ce film est une métaphore sur l’impuissance. Les personnages l’ont toujours à la main mais ne s’en servent quasiment jamais.
Pourtant, le scénario n’est pas mauvais. Des cydoniens poursuivent une créature masquée dont on ne sait rien, après le crash de leur vaisseau sur une planète désertique. C’est une course poursuite (enfin personne ne court, il faut tenir 1h30 et puis, il ne faudrait pas abîmer le décor qui consiste en de jolies dunes parfaitement ridées). Le problème du film ne réside pas tant dans l’histoire qui n’est pas mauvaise donc, malgré des temps morts, et qui réserve même quelques bonnes surprises (le dernier quart d’heure est plein de rebondissements assez bien vus). Le jeu des acteurs est correct même si le masque en latex du cydonien l’empêche d’être expressif ce qui l’oblige à tout exprimer en grimaces dignes d’un dessin animé par moment. Ce n’est pas non plus la réalisation qui gâche le plus le film. Elle n’est ni nerveuse, ni lyrique, ni inventive, elle est même assez plate mais on a souvent vu pire dans des films à très petit budget (et puis, si vous voulez de chouettes fonds d’écran sur votre ordinateur, il y en a quelques uns… et avoir l’impression de regarder sa page d’accueil Windows au cinéma, ce n’est pas banal). Non, malgré tout, ce n’est pas ce qui gêne le plus. Le pire dans ce film, ce sont les dialogues. Monsieur le scénariste, il ne faut pas laisser votre petit frère de huit ans (ou pire, Bernard Werber) écrire les dialogues. Parfois, il y a des dialogues tellement mauvais qu’ils sont drôles, là ils sont tellement mauvais qu’ils sont juste mauvais. C’était absolument navrant de platitude. J’ai même eu de la peine devant les tentatives laborieuses d’humour qui tombait à plat.
Enfin bon, j’ai quand même tiré une leçon philosophique de ce film. Comment peut-on survivre dans une situation impossible, par exemple dans un désert et sans eau ? Facile, il suffit de vouloir vivre (je tâcherai de m’en souvenir si je tombe du dixième étage d’un immeuble). Et puis, moment très "Expendables", derrière tout type à gros canon viril, il y a un cœur tout mou qui ne demande qu’à s’éveiller à l’amour. Cette tension amoureuse d’enfer entre un gros dur et son Blackberry du futur, c’était beau (sors de cette puce électronique Pénélope Garcia).
Bref, c'est un film qui avait des idées mais qui souffre d'un manque de budget et de finition.
Planète hurlante (screamers)
de Christian Duguay (1995)
Tiré d’une nouvelle de Philip K. Dick, ce film avait tout pour me plaire.
Sirius 6B a été colonisée par le NBE (Nouveau bloc économique) pour son berynium, un minerai. Lorsque le danger du berynium, substance hautement radioactive, est compris, une Alliance se crée pour lutter contre le NBE qui voudrait continuer l’extraction. Pour se protéger, l’Alliance crée une arme efficace, un robot de métal souterrain qui déchiquette l’ennemi. Sans que les scientifiques de l’Alliance comprennent pourquoi, ces armes appelées screamers sont devenues autonomes et se reproduisent seules.
Ca part bien mais ça devient vite prévisible à partir du moment où un événement particulier se produit au milieu du film. Cela se suit quand même très bien et l’ensemble fonctionne.
Malgré des clichés, une fin un peu sirupeuse et quelques personnages caricaturaux, c’est un film agréable, avec de l’action, qui fait passer un bon moment.
J'imaginais un immense salon mais en fin de compte, les Utopiales, ce n'est pas très grand et malgré tout, il y a tant à voir et faire qu'on peut y aller plusieurs jours. Le bilan de ces premières Utopiales est très positif et je compte bien y retourner.