Saga d'Eiríkr le Rouge - Anonyme
Publié le 21 Février 2011
Saga d’Eiríkr le Rouge
Suivi de Saga des Groenlandais
De Anonyme
Titre original: Eiríks saga rauda et Groenlandinga saga
Première parution: XIIè - XIIIè siècles
Edition Folio
107 pages
Quatrième de couverture : Eiríkr le Rouge, condamné au bannissement à la suite des meurtres de Eyjóld la Fiente et de Hrafn le Duelliste, met les voiles et part à la découverte du Groenland. Leifr, fils d’ Eiríkr et de Thjódhildr, part du Groenland vers la Norvège mais son bateau est détourné vers les Hébrides … Quant à Thorfinn Karlsefni, fils de Thórdr Tête-de-cheval, il part à la découverte du Vinland, contrée lointaine de Terre-Neuve…
Le nom d’Eiríkr le Rouge évoque l’aventure, la bravoure, la magie des vikings et les découvertes de contrées sauvages du Grand Nord…
Ce très court recueil d’une centaine de pages est une saga islandaise c’est-à-dire, selon la définition de Régis Boyer, un récit « rapportant la vie et les faits et gestes d'un personnage, digne de mémoire pour diverses raisons, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, en n'omettant ni ses ancêtres ni ses descendants s'ils ont quelque importance ». Et en effet, on n’oublie aucun ancêtre. D’ailleurs, en commençant à lire la première des deux courtes sagas qui composent ce recueil, j’ai été prise de vertige. Tous ces noms jetés sur le papier, c’est éprouvant. Pour vous donner une idée, voici le début :
"Il y avait un roi guerrier qui s’appelait Óláfr le Blanc. Il était fils du roi Ingjaldr, fils de Helgi, fils d’Óláfr, fils de Gudrodr, fils de Hálfdan aux jambes blanches, roi des Uplönd. Óláfr guerroyait sur la route de l’ouest et conquit Dyfflin en Irlande ainsi que le pays de Dyfflin. Il s’en fit roi. Il épousa Audr la Très-Sage, fille de Ketill au nez plat, fils de Björn du Ru, un noble homme de Norvège."
Et comme ça, pendant une trentaine de page, chaque fait est accompagné de nombreux noms (avec des surnoms comme ‘la Fiente’ qui laissent tout de même perplexes). En plus de cela, les auteurs de sagas ne s’embarrassent pas de détails autres que les noms. Les faits sont rapportés de manière très brève et la psychologie des personnages inexistante. Les Vikings ne connaissent que deux choses, la négociation du commerçant ou la force du guerrier. En outre, Eiríkr le Rouge, bien que découvreur du Groenland, fait central de ces deux sagas, n’en est pas le héros, contrairement à ce que peut laisser entendre le titre. Il ne va même pas participer au mythique voyage vers le Vinland (peut-être Terre-Neuve) où les Vikings combattront les gens du cru, les Skraelingar. On suit donc de nombreux personnages successivement.
Pourtant, une fois passé le cap des pages remplies de noms, je me suis laissée prendre par l’histoire de ces commerçants-aventuriers qui naviguent d’île en île, passant un hiver ou conquérant une terre, négociant des alliances ou se battant. Ces récits censés raconter des événements historiques teintés d’un christianisme mélangé à des restes de paganisme, sont aussi imprégnés de merveilleux, on y trouve sorcières et rêves prémonitoires.
Le deuxième récit, la Saga des Groenlandais, plus court raconte les mêmes événements. Le texte est plus simple, moins chargé de noms, plus concis donc et je l’ai préféré. Il y a même des meurtres crapuleux qui rendent la fin encore plus prenante.
La saga d’ Eiríkr le Rougeet la Saga des Groenlandais appartiennent à un ensemble de trois récits nommé les Sagas du Vinland. Il est dommage que la troisième saga, Le Dit des Groenlandais, encore plus court que les deux autres, ne soit pas dans ce recueil. J’ai donc ressorti mon recueil des Sagas islandaises dans l’édition de la Pléiade (ma première tentative de lecture avait été un échec) pour profiter aussi de ce récit. Cette édition contient les mêmes traductions de Régis Boyer et d’autres sagas, dont ce texte supplémentaire. Ce récit traite de la venue du premier évêque du Groenland, d’honneur viking, du ‘thing’, l’assemblée viking où on décidait de beaucoup de choses et de ce qu’on y négociait (ou de la façon d’éviter la négociation lorsque l’on sentait qu’on allait perdre). Il est très intéressant également. En outre, la notice de Régis Boyer sur l’archéologie face aux récits des sagas est passionnante à lire.
J’ai donc fini par apprécier ces sagas, malgré un début difficile. Cela m’a donné envie de me replonger dans celles que j’avais abandonnées il y a quelques années.
Organisée par Cryssilda et Emma
Merci à Elysio pour le prêt.