Very Cold Trip
Publié le 22 Février 2011
Very cold trip
1h35 – Finlande - 2010
Réalisé par Dome Karukoski
Avec Jussi Vatanen, Jasper Pääkkönen, Timo Lavikainen
Dans le nord de la Finlande, Janne, trentenaire ne fait rien de ses journées depuis qu’il est au chômage. Le jour où il utilise l’argent destiné à un décodeur pour boire avec ses copains tout aussi désoeuvrés que lui, sa compagne Inari craque. Elle lui pose un ultimatum… s’il ne rapporte pas un décodeur avant le lendemain matin, elle le quitte. Janne n’a pas le choix. Entraînant avec lui ses deux meilleurs amis, il se lance dans la quête du décodeur en pleine nuit par -15° sur des routes enneigées… et sans argent.
Sur un scénario plus que mince, j’ai assisté à une comédie qui fait passer un bon moment, ce qui s'est révélé une excellente surprise. Les premières images de Very cold trip donnent le ton, les finlandais ont un humour spécial. On y voit de magnifiques images d’un paysage blanc immaculé sur lequel trônent des arbres majestueux. La voix off, celle de Kapu, nous raconte comment il a eu la meilleure note de sa scolarité. C’est là que la caméra se fixe sur un arbre où flotte une corde. Je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher la surprise mais on assiste là à un beau moment d’humour noir.
La suite du film joue plus sur un humour décalé voire parfois sur le potache que sur cette lancée mais on est toujours dans un côté presque absurde qui est très plaisant. Ce n’est pas un humour qui fait s’étouffer de rire mais c’est néanmoins efficace et on s’amuse tout au long du film (une scène au milieu du film m’a parue un peu longue mais même là, on sourit suffisamment en attendant une suite plus que prometteuse). Ce road movie n’est pourtant guère trépidant si on le compare à ses homologues américains mais le petit côté social qui n’est pas exploité mais qui ressort malgré tout lui donne un cachet supplémentaire. En effet, le film n'explique pas clairement comment les délocalisations ont poussé les jeunes à partir vers des régions plus peuplées mais c'est présent et ici, on voit que pour ceux qui restent comme Janne et ses copains, les options sont l’alcoolisme et/ou le suicide. Et puis ce qui fait la qualité du film, ce sont surtout les personnages, une bande de losers sympathiques qui retrouvent un peu de dignité tout en se trouvant dans des situations particulièrement embarrassantes et rocambolesques. Janne est accompagné par Räihänen qui fantasme sur une femme qui apparaît sur un jeu du bar qu'il fréquente et par Kapu, qui a un regard tellement détaché sur tout qu’on sent bien qu’il est au bout du rouleau. Le personnage de l’ancien petit ami d’Inari qui a aussi un rôle important est également assez plaisant à suivre dans le genre détestable au regard de pervers.
On peut regretter le titre racoleur du film pour sa sortie en France, surfant sur le succès de Very Bad Trip. On
peut aussi regretter la bande son à base de variété particulièrement sirupeuse (c'est tout de même sympathique de découvrir que "L'oiseau et l'enfant" s'est exportée). Mais Lapland
Odyssey, le titre international original, est une comédie sympathique et réussie qui mérite le détour, même si
l’humour nordique ne fonctionnera sûrement pas sur tout le monde. Néanmoins, le film a obtenu le Prix du jury au
Festival de l’Alpe d’Huez (et a même été le coup de cœur de la profession), il a donc ses chances.
L’avis de Cryssilda