Pride and prejudice and zombies - Grahame-Smith
Publié le 29 Mai 2009
Pride and prejudice and zombies
De Jane Austen et Seth Grahame-Smith
Première parution: 2009
Edition Quirk books
320 pages
Angleterre, début du XIXème siècle. Les zombies sont devenus un fléau. Elizabeth Bennet, après une éducation dans un monastère tibétain, est déterminée à lutter mais elle est distraite par l’arrivée d’un nouveau voisin et de son ami, l’arrogant Mr Darcy.
En général, l’idée même des romans basés sur Orgueil et préjugés de Jane Austen m’horripile parce qu'ils vont toujours dans le même sens. Pourtant, lorsque j’ai appris la sortie de Pride and prejudice and zombies, j’ai eu un moment d’espoir car l’idée du décalage entre le réalisme de la description de la vie de la gentry anglaise par Austen et la lutte contre les zombies promettait beaucoup de drôlerie. En effet, le principe du livre est de garder le roman tel quel (il est raccourci néanmoins) et d’y intégrer des scènes nouvelles autour d’une idée : les zombies ont infesté l’Angleterre et le danger est partout. Donc, entre deux bals et deux déclarations d’amour ratées, les soeurs Bennet vont devoir lutter pour rester en vie. Les deux tiers du roman sont donc du Austen. Le problème, c’est que l’intégration des scènes ajoutées n’est pas particulièrement bien faite. C’est un peu posé là comme ça, comme une page publicitaire au milieu d'un bon film.
Je ne m’attendais pas à grand-chose à vrai dire, un humour assez régressif pour adolescent attardé ou quelque chose du genre. Cela m’allait très bien d’ailleurs. Hélas, l’humour n’est même pas pour ado attardé mais pour enfant de dix ans qui n’a pas quitté le stade anal. Il faut aimer le comique de répétition à base de vomi. Je n’ai pas ri du tout, tout juste souri à deux ou trois scènes plus réussies au début (j’aime bien le jeu "Kiss me deer") et encore, en essayant d’oublier que, si c’est plaisant de voir Darcy humilier Caroline Bingley, ça rend le personnage totalement incohérent et peut donner l’impression d’un certain nombre de contresens. Il n'y a qu'une idée qui est surprenante et qui change le destin d'un personnage sans la facilité de s'acharner sur les personnages antipathiques.
Il y a plus de ninjas que de zombies dans cette histoire. Ça n’est pas plus drôle pour autant et c’est pour le coup particulièrement anachronique et dérangeant. Plutôt que de pomper tous les films actuels, l’auteur aurait gagné à rester typiquement anglais, au lieu de démontrer qu’il n’a finalement que très peu d’imagination. Un maître d’escrime vaut bien un maître es arts martiaux mais il semble que ce ne soit plus à la mode. Et les scènes de bagarre sont d’une platitude rare. Lizzie règle leur compte à des zombies pas vraiment horrifiques (ou des ninjas) en deux temps trois mouvements. Le seul avantage, c’est que ça ne fait pas peur du tout, il n’y a pas de scènes gores (la pire étant un zombie se promenant avec un bras ou une jambe en guise d’encas), on est très loin de Stephen King.
Même les illustrations, bonne idée de départ sont anachroniques. La seule vraie bonne idée, ce sont les questions à la fin, du même style que celles qu’on trouve dans les éditions scolaires des classiques de la littérature. D’ailleurs, je réponds sans hésiter à la dernière question : un meilleur roman.
Ça reste agréable à lire puisque la plus grande partie du texte est l’original mais on peut regretter le peu d’efforts fournis par Grahame-Smith, auteur peu convaincant. L'idée de base est excellente et on peut le lire par curiosité éventuellement mais les zombies mous sont finalement assez décevants.