Loin de la foule déchaînée - Hardy
Publié le 9 Janvier 2009
Far from the madding crowd
De Thomas Hardy
Première parution: 1874
Edition Oxford World’s Classics
433 pages
Gabriel Oak est fermier. Il tombe amoureux de la belle Bathsheba Everdene qui le rejette. Lorsqu’il perd ses brebis et donc son rêve d’indépendance, il est employé par Bathsheba mais ne peut plus prétendre à son amour puisqu’elle lui est alors socialement supérieure. Il doit donc être le témoin silencieux de la cour que lui font Boldwood, un fermier voisin et Troy, un jeune officier désargenté à la vie dissolue.
Hardy décrit la vie rurale et il le fait de façon délicieuse. Dans ce contexte, on voit évoluer quatre personnages, Bathsheba et ses trois prétendants. Gabriel Oak représente l’idéal proche de la nature, calme, honnête, attentif aux autres, responsable alors que le sergent Troy est l’exact opposé, égoïste, vivant au jour le jour, destructeur. Boldwood ne se préoccupait pas des femmes avant que Bathsheba, par jeu, n’attire son attention. Il devient alors un amoureux passionné.
Les désordres de l’amour et les dangers de la passion sont très délicatement exprimés dans ce magnifique roman. Bathsheba est une héroïne intelligente et indépendante, elle gère une ferme d’une main suffisamment ferme pour être prise au sérieux, ce qui n’est pas un petit exploit dans l’Angleterre rurale du XIXe siècle. Pourtant, elle va se laisser mener par la vanité dans sa vie amoureuse, vie qui n’est pas sa priorité, au début de l’histoire tout au moins, et sa vision du mariage est assez atypique.
Finalement, ce que montre Hardy, c’est que le véritable amour se construit alors que l’amour romanesque, basé sur la seule passion est voué à l’échec car inconstant et destructeur. L’analyse psychologique des personnages y est excellente. J’ai éprouvé une capacité d’empathie assez rare avec des personnages à priori pas des plus palpitants. Oak est trop terre à terre pour être un séducteur, Troy est très beau mais sa manière de séduire est assez pathétique et Boldwood est un peu terrifiant dans son amour très démonstratif. Pourtant, j’ai trouvé que chacun à sa manière vaut le détour.
L’écriture très belle qui semble couler de source ne manque pas d’ironie parfois. Moins pessimiste que Tess d’Urberville, Far from the madding crowd est un roman tout aussi beau selon moi et Hardy est un auteur que je vais désormais ne plus quitter trop longtemps. Somptueux !