Le directeur - Trollope
Publié le 25 Mars 2008
The Warden
De Anthony Trollope
Le révérend Harding est maître de musique à la cathédrale de Barchester et il est aussi directeur d’un hospice. Le salaire qui lui est versé à ce titre n’était peut-être pas prévu dans le legs d’origine fait à l’institution charitable. John Bold applique son zèle de réformateur à dénoncer cet abus malgré son affection pour l’homme d’Eglise et son amour pour Eleanor, la fille de Mr Harding. Ce dernier, d’une grande intégrité personnelle et qui n’aspire qu’à la tranquillité, se retrouve donc au centre d’un scandale.
J’ai découvert Trollope et ce roman grâce à une vieille série de la BBC et j’ai voulu découvrir cet auteur. The Warden n’était pas la partie que j’avais préférée dans la série car le personnage principal y est un peu mou, ce qui n’est pas très télévisuel. J’ai quand même voulu commencer par celui-ci car d’une part, c’est le début d’une série (Les chroniques de Barchester) et puis c’est un roman assez court et je voulais être sûre que le style me plaisait avant de me lancer dans ses livres plus ambitieux.
Donc, The Warden, roman sur l’Eglise anglaise au milieu du XIXème siècle n’a rien de très palpitant à priori. Mais il est plus question d’argent que de doctrine et ce type de scandale pourrait être assez actuel en fait.
Il ne s’y passe pas grand-chose puisque tout tourne autour de la personnalité de ce religieux, Mr Harding, personnage timide, discret et très doux qui se trouve bien malgré lui et en toute bonne fois au centre d’un petit scandale financier autour du salaire qui lui est versé. Le simple doute sur son honnêteté et le simple fait que son nom soit cité dans la presse vont grandement le perturber jusqu’à ce que pour une fois dans sa vie, il prenne l’initiative. Le roman permet à Trollope de parfaitement décrire les sentiments des personnages, Mr Harding et l’évêque, indolents et complètement étouffés par la personnalité du Dr Grantly, gendre du premier et fils du second. Eleanor Harding est également un personnage assez fort puisqu’elle est prête à sacrifier son bonheur personnel pour soutenir son père. Le trouble et les doutes de John Bold aussi intéressants. Le style ne m’a pas paru particulièrement remarquable mais c’est très agréable à lire et souvent assez ironique. Trollope ne s’en prend pas seulement aux institutions religieuses (le scandale n’est pas bien grand ici) mais aussi à la presse, plus intéressée par le spectaculaire que par la vérité. Voici une petite phrase à méditer : « What is any public question but a conglomeration of private interests? What is a newspaper article but an expression of the views taken by one side? »
Trollope n’a certainement ni l’esprit d’Austen, ni la verve de Dickens, mais j’ai passé un bon moment en compagnie de ses personnages et je vais donc ajouter quelques autres romans de cet auteur à ma liste de livres à lire.