Marquée - Cast
Publié le 13 Janvier 2010
Marquée
La maison de la nuit, tome 1
De P.C. et Katrin Cast
Titre original: Marked
Première parution: 2009
Edition Pocket Jeunesse
330 pages
Zoey est une adolescente de 16 ans. Sa relation avec sa mère et son beau-père, adeptes d’un groupe de prière, est très difficile et elle est sur le point de rompre avec son petit ami lorsque un inconnu l’aborde et trace un signe sur son front. Elle est désormais « marquée » et va subir une lente transformation à l’issue de laquelle elle sera un vampire. Elle doit alors rejoindre la « Maison de la Nuit », une école réservée aux vampires.
Marquée aurait dû s’appeler Zoe Redbird à l’école des vampires. On a affaire à un mélange de tout ce qui s’est déjà fait, avec un peu de Harry Potter pour le côté découverte et apprentissage d’un monde inconnu. On y suit les débuts d’une apprentie vampire dans son école de vampirologie (le vampirisme s’apprend et si vous n’êtes pas doué, vous mourez, voilà une méthode pédagogique à étudier de plus près). Je n’ai pas réussi à m’enthousiasmer pour une histoire d’adolescents américains qui déroule du cliché au kilomètre. On a droit à tout. L’héroïne est mignonne, sympa et « spéciale ». La copine est moins jolie mais sympa donc, on est sûr qu’elle ne fera pas d’ombre à l’héroïne. Et puis bien sûr, dans le groupe d’amis de l’héroïne, il y a le copain homosexuel sensible et gentil, qui utilise des mots savants (c’est-à-dire de plus de deux syllabes). Son ex petit ami qui n’est pas un vampire est une caricature du capitaine de l’équipe du lycée. Le plus beau garçon de la nouvelle école, Eric, s’intéresse à l’héroïne, comme il se doit mais il se trouve que la terreur de l’école, sublimement belle, charismatique, qui est bien sûr immédiatement jalouse de la nouvelle venue « spéciale » est l’ancienne petite amie d’Eric et est prête à tout pour le récupérer. « Tout », en littérature adolescente actuelle semble consister à faire ce que peuvent faire deux adultes ou adolescents de 17-18 ans consentants, ce qui place bien sûr cette fille dans le clan des salopes et comme on sait tous que les filles qui font des fellations sont odieuses, on n’a pas trop de mal à deviner que Aphrodite (car les salopes ne s’appellent jamais Mauricette) est une personne forcément odieuse. Tout le suspense du roman tourne autour de la rivalité entre Zoey et Aphrodite, pour la tête de la sororité des vampires et accessoirement un peu pour Erik l’inutile.
Bref, les personnages ne sont pas particulièrement intéressants. Erik est un vampire "sois-beau-et-tais-toi" de plus. Dans un univers où les vampires ont pour modèle une société matriarcale et les Amazones, les hommes servent surtout d’accessoire, dans ce premier tome tout au moins.
Pourtant je ne peux pas dire que ce soit illisible. Je n’ai pas vraiment aimé mais j’avoue que je l’ai lu facilement (en dehors des « Hi ! Hi ! Hi ! » et des « berk ! » dans la narration, insupportables) et que je n’ai pas vu le temps passer, c’est sans aucun doute assez efficace et ça ne se prend pas trop au sérieux. Ça peut sans aucun doute plaire au lectorat cible, qui s’y retrouvera certainement plus que moi. Le mélange de mythologie grecque et de légendes indiennes a du potentiel, d’ailleurs. Bref, je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire. Mais si on n’est pas fan de bit-lit, ce roman peut à mon avis difficilement réconcilier avec le genre. Parce que, à part si on veut savoir au bout de combien de rendez-vous on a le droit d’embrasser un garçon pour rester une fille « comme il faut », je ne vois pas trop où ça peut mener.
Mon moment préféré, c’est le teaser pour la suite, dans lequel les auteurs nous proposent un
merveilleux cliché sur l’Europe, lorsque l’héroïne explique que si il y a du vin à table à la cantine du lycée vampirique, c’est à cause des lycéens européens qui boivent du vin à la
cantine:
« Cela faisait un mois que je vivais à la Maison de la Nuit, et j'étais toujours choquée par la désinvolture avec laquelle on y servait de l'alcool. Il y avait pourtant une explication simple à cela. En effet, l'école fonctionnait sur le modèle des Maisons de la Nuit européennes. Là-bas, à ce que j'avais compris, boire du vin à table était aussi anodin que de boire du thé ou du coca. »
En lisant cela, j’ai failli m’étrangler en avalant de travers mes cuisses de grenouille, j’en ai laissé tomber ma baguette (sous le bras, ça ne tient pas bien, il faut dire) et mon béret a fait trois tours sur lui-même sous le coup de l’émotion.
Reçu dans le cadre du Bloody Swap. Merci à Nicolas Cauchy.
Fashion l’a lu aussi.