Le pigeon - Süskind
Publié le 10 Juillet 2009
Le pigeon
De Patrick Süskind
Titre original: Die Taube
Première parution: 1987
Edition Le livre de Poche
89 pages
Quatrième de couverture : Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d’une bonne vingtaine d’années qui n’avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n’aurait escompté que pût encore lui arriver rien de notable, sauf de mourir un jour. Et cela lui convenait tout à fait. Car il n’aimait pas les événements, et il avait une véritable horreur de ceux qui ébranlaient son équilibre intérieur et chamboulaient l’ordonnance de sa vie.
Le point de départ de cette novella est complètement absurde. Jonathan Noël est un personnage qui ne vit
que dans une totale maîtrise du quotidien et sa vie n’est faite que de non évènements, au point qu’il vit dans la même chambre de bonne depuis trente ans, afin de conserver ses habitudes et ses
rituels, seul et sans aucune activité autre que son métier et la gestion du quotidien. Oui mais voilà, un jour, sa petite vie bien huilée va être chamboulée par l’arrivée d’un vulgaire pigeon
parisien, égaré sur son palier. A partir de là, Jonathan va faire une fixation sur ce pigeon au point de remettre toute sa vie en question. Pendant une journée entière, donc, l’obsession de
Jonathan va le conduire à toutes sortes de remises en question.
Il ne se passe donc absolument rien dans ce récit. Seule l’angoisse montante du personnage est décrite, mais de quelle manière ! Süskind parvient à créer une dramaturgie autour d’un ensemble de faits anodins, un pain aux raisins, un accroc... C’est fascinant. Je n’ai pas pu décrocher des malheurs imaginaires de Jonathan. Le côté irrationnel de la peur est jubilatoire. Du pigeon à une grave crise existentielle, de la crise à la paranoïa, il n’y a qu’un pas lorsque l’introspection s’en mêle. Et en plus, c’est amusant.
Un excellent moment de lecture donc.