Le Prestige - Priest
Publié le 9 Février 2009
Le Prestige
De Christopher Priest
Titre original: The Prestige
Première parution: 1995
Edition Folio SF
496 pages
Quatrième de couverture : Alfred Borden et Rupert Angier, deux prestidigitateurs hors du commun, s'affrontent dans un duel sans merci. Trois générations plus tard, au cours d'une enquête sur une secte, le journaliste Andrew Wesley fait la connaissance de Kate Angier. Elle lui révèle qu'il s'appelle en fait Andrew Borden et qu'une guerre oppose leurs deux familles depuis la fin du XXe siècle. Quand Andrew découvre le rôle exact joué par le scientifique Tesla dans toute cette affaire, sa vie en est bouleversée à jamais...
La narration suit les points de vue successifs de différents personnages. On commence à l’époque contemporaine avec Andrew Westley, qui découvre le passé de sa famille biologique. C’est le récit de Kate Angier qui commence à mettre en place l’intrigue mais c’est la suite, avec les journaux intimes d’Alfred Borden puis de Rupert Angier qui deviennent absolument passionnants. Ils se répondent parfaitement puisqu’il s’agit de deux points de vue différents d’une même histoire et cela sans se répéter, c’est un tour de force.
Priest est un grand illusionniste et son roman un formidable tour de magie. L’histoire, on en connaît le « truc » assez vite si on sait lire entre les lignes. La confusion volontairement entretenue par l’auteur dans la première partie, le récit d’Alfred Borden, est un exemple de la maîtrise parfaite de Priest. Et pourtant, l’auteur sait nous perdre en nous montrant autre chose, grand principe de l’illusionnisme, alors même que le récit n’est pas vraiment basé sur l’action. L’histoire est donc envoûtante, on a toujours l’impression qu’on va en avoir le fin mot à la page suivante mais elle nous embrouille toujours un peu plus.
Cette histoire de duel professionnel qui tourne mal, qui devient de plus en plus personnel au fil des années, voire des générations, sur le thème du double, entre deux illusionnistes qui se haïssent alors qu’ils sont assez complémentaires, l’un excellent technicien, l’autre parfait showman, est brillante et merveilleusement menée, avec une subtilité rare. La science-fiction tourne un peu à la magie mais on lui pardonne bien volontiers ce mélange des genres car c’est tout simplement magnifique.
Et en plus de cette histoire très prenante, très bien construite, l’écriture est excellente, très fluide, même en version traduite. A lire absolument, que l’on soit amateur de science-fiction ou pas.
« Aux frontières de la magie professionnelle gravitent quelques individus pour qui la prestidigitation n’est qu’un moyen facile de duper les naïfs et les riches. Bien qu’usant des mêmes accessoires et appareillages que les véritables illusionnistes, ils prétendent que les effets obtenus sont « réels ».
Leur position, c’est évident, ne se trouve qu’à un cheveu de celle de l’artiste qui joue sur scène le rôle du sorcier, mais cette imperceptible différence est essentielle. »
Reçu dans le cadre du Victorian Christmas swap. Merci Madame Charlotte.