Mars la Rouge - Robinson
Publié le 17 Septembre 2008
Mars la Rouge
La Trilogie martienne, tome 1
De Kim Stanley Robinson
Titre original: Red
Mars
Première parution: 1993 (Prix Nebula 1993)
Edition Pocket
662 pages
Quatrième de couverture : Le XXIe siècle. Demain. Cinquante hommes et cinquante femmes, représentant les nations majeures et toutes les disciplines scientifiques, embarquent à bord de l'Arès, un immense vaisseau spatial, un micro-monde où ils vont vivre pendant plus d'un an avant d'atteindre Mars, à cent millions de kilomètres de là. Un homme, déjà, a posé le pied sur Mars : John Boone. Héros mythique depuis son retour sur Terre, il s'est porté volontaire pour ce second voyage. Un aller simple, cette fois, car les hommes et les femmes de l'Arès devront aller au-delà de l'exploration. Ils devront survivre dans un monde usé, désolé, hostile. Si les hommes ne peuvent s'adapter, il faudra adapter Mars aux hommes. Mais terraformer Mars, c'est aussi la détruire en tant que cadre naturel martien, et des conflits opposent les rouges, la faction qui veut préserver la sauvagerie initiale de la planète, et les verts, qui militent pour la terraformation.
Les Cent Premiers ne partagent pas la même vision de la société à élaborer, sur ce nouveau monde vierge. Pourtant, il faut faire vite, car les immigrants arrivent, de plus en plus nombreux, en provenance d'une Terre surpeuplée.
Mars, si éloignée du berceau de l'humanité, constitue un incroyable enjeu économique et politique pour les puissances terrestres. Le rêve sombrera-t-il dans le chaos ?
"Mars la rouge" est un roman de hard science-fiction hyper
réaliste. Je l’ai trouvé souvent plus proche du pensum que d’une littérature de plaisir, au moins dans la première moitié.
Ça commence bien pourtant. La première partie
de cinquante pages est plaisante à lire mais ensuite, le lecteur est noyé sous les détails techniques.
En fait, les trois cent premières pages donnent l’impression d’être face à un document. Un exemple au hasard et parmi les moins pesants : « Ce qui voulait dire qu’ils étaient là depuis une demi-année martienne.
Phyllis utilisait un calendrier calculé par les planétographes. Il était maintenant devenu plus familier dans la colonie que le système terrestre. L’année de Mars était longue de 668,6 jours
locaux, et afin de définir à quel point ils en étaient dans cette longue année, ils se servaient du calendrier Ls. Selon ce système, la ligne entre le soleil et Mars au moment de l’équinoxe de
printemps nord était à 0° et, ainsi, on pouvait diviser l’année en 360 degrés, ceci afin que Ls=0°-90° équivaille au printemps nord, 90°-180° à l’été sud, 180°-270° à l’automne, et 270°-360° (ou
0 de nouveau) à l’hiver. ». Et ça continue comme ça pendant une
page et tout ça pour finir par un schéma qui est finalement un résumé en plus clair. Et ce type de description pleine de listes de chiffres, il y en a toutes les cinq pages pendant une bonne
moitié du roman. Bref, j’ai souvent eu l’impression de lire un manuel technique, un rapport scientifique ou un manuel scolaire plus qu’une œuvre de fiction. Et pourtant, j’aime les détails en
science-fiction. Je considère même que c’est la capacité de l’auteur à créer un véritable univers qui fait une bonne œuvre de genre mais là, il ne s’agit pas de mettre en valeur Mars mais de
mettre en valeur Kim Stanley Robinson. L’érudition, c’est bien mais il faut savoir la transmettre et pas la jeter en vrac pour montrer qu’on en a. Le plus frappant, c’est la quatrième partie, ou
la narration adopte le point de vue du psychologue de l’expédition. On a droit à une réflexion de dix pages sur le concept de labilité/stabilité, tout ça pour dire au bout du
compte que Maya et Frank, deux des personnages principaux se ressemblent trop pour s’entendre. Comme les deux cent pages précédentes le font très bien comprendre et de façon beaucoup plus
subtile, ça paraît très artificiel.
C’est dommage que la partie scientifique et technique, pourtant intéressante, soit aussi lourdement présentée parce que "Mars la rouge" reste néanmoins une bonne
œuvre de science-fiction. La construction, d’abord (si on ne tient pas compte de la lourdeur de la présentation des sciences et techniques), est très plaisante. On suit l’évolution de la
colonisation de Mars en suivant successivement le point de vue de personnages différents. Le roman devient très intéressant à partir de la cinquième partie, lorsque le point de vue devient celui
de John Boone, un des chefs de l’expédition. La technologie laisse plus de place à des considérations écologiques, économiques et politiques où vont s’affronter différents points de vue. C’est
peut-être parfois un peu simpliste (notamment la vision de l’économie très manichéenne) mais peu importe, ça n’empêche aucunement la réflexion sur ces sujets.
La deuxième moitié est donc beaucoup plus réussie et mérite à elle seule
que l’on s’accroche à la lecture du début. Pour donner une idée du déséquilibre que j’ai ressenti à cette lecture, il m’a fallu plus de dix jours pour lire les 450 premières pages et moins de
deux pour lire les 200 dernières.
On a là un roman
fastidieux mais intéressant et même bon à la fin. J’en garderai donc une impression moyenne. J’aurais dû adorer car j’aime les thèmes abordés mais Robinson n’a réussi qu’à moitié à me convaincre.
J'ai envie de lire la suite mais je crains l'effort à produire.
« - Non, non et non ! L’Histoire n’équivaut pas à une évolution ! C’est une analogie trompeuse ! L’évolution est une question d’environnement et de hasard, déployée sur des
millions d’années. Mais l’Histoire, elle, concerne à la fois l’environnement et le choix, des actes limités à des temps de vie, et parfois même à des années, des mois, ou des jours !
L’Histoire est lamarckienne ! Et si nous choisissons d’établir telle ou telle institution sur Mars, il en sera ainsi ! »