Lady Ludlow - Gaskell

Publié le 24 Février 2008

 

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De Elizabeth Gaskell



Margaret Dawson raconte comment, jeune fille de 16 ans, vers les années 1810, elle est accueillie par Lady Ludlow à Hanbury Court. Elle se remémore la vie qu’elle y a menée pendant plusieurs années, auprès de cette femme de l’aristocratie terrienne d’un autre temps aux prémisses d’une nouvelle ère.
 
Quatrième de couverture : « Je suis une vieille femme maintenant et les choses ont bien changé depuis ma jeunesse. On voyageait alors en diligence avec six personnes à l’intérieur et l’on mettait deux jours pour accomplir un trajet que les gens font aujourd’hui en deux heures à grand renfort d’embarras et dans un fracas à vous rendre sourd. En ce temps-là, les lettres n’arrivaient que trois fois par semaine ; et même, dans certains coins d’Ecosse où j’ai séjourné dans mon enfance, il n’y avait de courrier qu’une fois par mois. Mais, alors, les lettres étaient des lettres ; on en faisait grand cas, on les lisait et on les étudiait comme des livres. Maintenant, la poste arrive bruyamment deux fois par jour, apportant de brefs messages, qui n’ont parfois ni commencement, ni fin, et se résument en une courte phrase dont les gens bien élevés n’oseraient pas user dans la conversation. Bon ! bon !c’est peut-être le progrès ; au fond je le crois. Mais vous ne trouveriez pas aujourd’hui une seule lady Ludlow. Je vais essayer de vous faire faire sa connaissance. »
 
Aux côtés de Jane Austen, des sœurs Brontë et de George Eliot, Elizabeth Gaskell (1810-1865) occupe dans le roman anglais du XIXè siècle une place importante que la critique récente a largement consolidée. Portrait discrètement ironique d’une grande dame de la noblesse terrienne, Lady Ladlow fait partie de ses courts romans, comme Cranford ou Ma cousine Phyllis, où l’originalité de son talent donne sa pleine mesure.
 
 

    Plus qu’un roman, comme Cranford, Lady Ludlow est avant tout une succession d’anecdotes amusantes ou émouvantes sur une société en pleine évolution (thème cher à Gaskell, qu’on retrouve aussi dans Nord et Sud et dans Femmes et filles). Comme toujours, les personnages de Gaskell sont intéressants car complexes. Elle ne porte pas de jugement moral sur eux. Du coup, Lady Ludlow, qui est rigide et qui se réfère encore à un code social quasi-féodal a aussi des aspects touchants. Rigide, réactionnaire et attachée aux privilèges dus à son rang, elle est aussi capable d’être bienveillante et d’agir dans l’intérêt des autres même en allant contre ses convictions. Ses altercations permanentes avec « l’horrible » Mr Gray sont toujours savoureuses : le nouveau pasteur, réformiste, sortant sans perruque mais qui par-dessus tout pousse le vice jusqu’à plaider en faveur d’une école pour les enfants pauvres, est une insulte permanente à Sa Seigneurie mais il va pourtant avoir une grande influence sur la vie de Hanbury. Les personnages sont plaisants, certains représentent l’avenir, comme le petit Harry, fils de braconnier qui apprend à lire grâce à l’intendant sévère mais réformiste. L’écriture est belle (assez moderne je trouve) et ça se lit avec plaisir et facilité.
    Encore une fois, il m’a manqué quelque chose d’un peu plus consistant que ce beau témoignage sur l’époque, plein de digressions en tout genre, mais j’ai pris un grand plaisir à continuer ma découverte de l’œuvre de Gaskell. Je le conseille à tous ceux qui ont aimé Nord et Sud, pas seulement pour l’histoire d’amour mais aussi pour tout le contexte social et sociologique que le roman rendait parfaitement clair, même à cent cinquante ans de distance. Il y a un certain nombre de passages particulièrement délectables.
 
Un personnage parmi tant d’autres, Mr Mountford le vieux pasteur :
« Il y avait aussi beaucoup de bon en Mr Mountford. Il ne pouvait supporter la vue d’une souffrance, d’une tristesse, d’une misère de quelque sorte que ce fût, et, si quelque chose de ce genre venait à sa connaissance, il n’avait de cesse qu’il n’y eût apporté remède à tout prix. Mais il craignait fort le dérangement ; aussi évitait-il autant que possible d’entrer en contact avec les malades et les malheureux ; et il n’aimait pas du tout qu’on lui en parlât. »

bon-indispensable

Rédigé par Isil

Publié dans #Livres - Les classiques

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F
Je viens de voir que oui pour Nord et Sud, je vais commencer par là pour la découvrir.
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I
<br /> Bonne idée.<br /> <br /> <br />
F
Je ne connais pas du tout cette auteure. Elle est traduite en français ?
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I
<br /> Ce texte est en français mais ce n'est pas le meilleur. Je conseille "Nord et Sud", réédité il y a peu.<br /> <br /> <br />
L
bon alors on prends les paris pour savoir vers qui tu vas te tourner maintenant???? ;o)
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I
Chiche, j'attends.
N
Tu me donnes vraiment envie de découvrir Elizabeth Gaskell ;-)
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I
Je suis sûre qu'elle plaira à la passionnée d'histoire que tu es. Commence par Nord et Sud qu'on trouve en français. Mais je pense que Lady Ludlow te plaira aussi, ce n'est pas le meilleur mais au moins c'est en français. Il y a notamment un passage sur la Révolution française vue par une aristocrate anglaise très intéressant même si c'est un peu brouillon parfois, c'est vraiment très agréable à lire et tellement intéressant.