La Châtelaine de Wildfell Hall - Brontë
Publié le 23 Février 2008
The tenant of Wildfell Hall

De Anne Brontë
Une femme mystérieuse s’installe avec son enfant à Wildfell Hall, une vieille demeure sinistre et
jusque-là à l’abandon.
Elle se mêle très peu au reste de la population et semble attirer les hommes célibataires des alentours. Peu à peu, des rumeurs se répandent sur son compte.
Le narrateur, Gilbert Markham raconte l’arrivée de Mrs Graham à Wildfell Hall. Comme lui, le lecteur découvre la personnalité de cette femme belle mais solitaire et est intrigué par son obsession vis-à-vis de son fils. La seconde partie est le récit d’Helen, par l’intermédiaire de son journal. Elle y raconte comment, jeune et très pieuse, elle s’est, par amour, mariée à un jeune homme charmant mais à la vie dissolue. C’est la partie la plus longue dans laquelle l’auteur montre avec une grande minutie les actions et le caractère de chaque personnage. La fin revient au point de vue de Gilbert.
Anne Brontë est une très fine observatrice de la psychologie humaine. En ce sens, elle est plus réaliste que ses sœurs, Charlotte et Emily même si elle est moins « romanesque ». "Agnès Grey", son premier roman, traite d’amours calmes et sereines, ici, le thème est la passion amoureuse qui dégénère. La situation des femmes au milieu du 19è siècle y est décrite sans concessions. L’erreur est interdite car l’épouse ne peut quitter un mari qui l’humilie. Elle est sa propriété et tous ses biens appartiennent de fait au mari. Là où dans le mariage raté, l’homme peut s’échapper, que reste-t-il comme alternative à l’épouse, qu’elle soit responsable ou pas de la situation ? L’écriture est très osée pour l’époque car on y parle d’une épouse qui a une volonté propre et qui refuse le rôle de victime consentante. J’ai trouvé le caractère d’Helen très intéressant car assez naïve au début (quoique raisonnable et sensée, elle croit que l’amour suffit à assurer le bonheur et que l’on peut changer le caractère des gens malgré eux car elle-même se rend compte qu’Huntingdon, malgré son charme, a des défauts qui seraient rédhibitoires pour beaucoup) mais aussi dotée d’une grande force et de beaucoup de détermination. Sa vision de la différence entre l’éducation des garçons (à la morale innée) et des filles (fragiles et trop faibles pour être indépendantes sous quelque forme que ce soit) est très moderne.
On pourrait lui reprocher son côté très moralisateur et c’est vrai que dans le dernier quart, j’ai trouvé le rapport à la religion et à la rédemption un peu lourd à mon goût mais les sentiments, les résultats des actions sont si finement décrits et si réalistes que ce serait réducteur de s’arrêter à la façon parfois peu subtile et répétitive de l’écriture qui, dans l’ensemble, est quand même très agréable. J’ai été très vite happée par l’histoire et mon intérêt n’a pas baissé avant la fin.