Waverley - Scott
Publié le 13 Janvier 2008

Edouard Waverley, jeune noble anglais, a vécu une enfance un peu solitaire, livré à lui-même et il s’est réfugié dans les livres et son imagination fertile. A l’âge adulte, il devient soldat dans l’armée du roi d’Angleterre et il est envoyé en Ecosse. Mais, un séjour en permission chez un ami de sa famille va l’entraîner vers un autre destin où il va pouvoir donner libre court à ses idées romanesques.
Quatrième de couverture : A-t-on lu Walter Scott? Tout le monde le connaît, de nom. A peine des adaptations pour enfants survivent du créateur du roman historique, du recréateur du roman du XIXe siècle, du premier écrivain à grands tirages dont toute l'Europe romantique s'est arraché les best-sellers.
Voici Walter Scott retrouvé : ces trois romans repris dans les traductions de 1830 racontent l'histoire de l'Écosse à travers le XVIIIe siècle, les insurrections des partisans des Stuarts, la résistance des vieilles contrées celtiques et aussi leur entrée dans la vie moderne et "la société industrielle", leur fidélité au passé et aux rois exilés, leur réconciliation avec la nouvelle dynastie, toujours régnante, et la nouvelle Angleterre libérale.
Walter Scott a non seulement réinventé le roman historique, si prolifique de nos jours, il a aussi pratiqué le roman de formation, et retrouvé le sens de la grande aventure romanesque ou de la fatalité tragique. On suivra avec lui la folle équipée de Waverley parti à la conquête de l'Angleterre, avec le Prétendant, pour les beaux yeux de Flora McIvor, les aventures du brigand au grand coeur Rob-Roy. On découvrira le roman dont Donizetti a tiré y sa Lucia di Lammermoor, tragédie presque fantastique d'Edgar de Ravenswood et de Lucie Ashton, à qui du fond des âges une malédiction familiale interdisait de s'aimer.
Ces romans se déroulent dans le décor enchanté des Highlands, parmi les clans en armes et leurs moeurs féodales, sur fond de la vieille culture gaélique, et du
drame d'une nation qui a failli mourir.
Waverley est le premier roman de Walter Scott et est aussi considéré comme le premier roman historique. L’intrigue se déroule en 1745, pendant la guerre civile qui opposa les jacobites (partisans de l’Ecossais Jacques Stuart) et les hanovriens (partisans du roi anglais, George). Le texte mêle en permanence humour et émotion. C’est un conte mais aussi un merveilleux tableau des mœurs et des coutumes des Highlanders au temps des clans. Le roman fait revivre de manière romanesque une époque devant nos yeux et rend le pays comme ses habitants et leurs habitudes complexes attachants. Tout le folklore de l’époque est traduit de façon très vivante et se lit donc avec délice. La galerie de personnages est fantastique, le laird écossais Bradwardine, ridicule mais d’un courage exemplaire, Fergus le chef de clan ambitieux et sa sœur Flora, entièrement dévouée à sa cause sans être aveuglée par elle.
Waverley est aussi un formidable roman d’initiation où l’expérience du héros va lui faire perdre ses illusions. Il est souvent indécis et subit parfois plus qu’il n’est acteur des événements. Mais il est très attachant et je me suis identifiée à ce personnage rêveur.
C’est un roman magnifique qui mériterait peut-être une nouvelle traduction car celle-ci date de 1830 et est bizarrement plus
«alambiquée» que l’écriture de Scott en anglais. Après quelques pages, on s’y fait et ça a même un certain charme mais c’est un peu surprenant par rapport aux autres romans que j’ai lus du même
auteur.
J’ai beaucoup apprécié la façon dont Scott se justifie sur les contretemps apportés par un besoin d’apporter des détails qui ne font pas avancer le récit directement.
« Mon plan veut que j’explique tous les motifs d’après lesquels marche l’action. (…) ma voiture est l’humble chaise de poste anglaise, à quatre roues, et ne s’écartant pas de la grand route royale (…) Ceux qui se contenteront de venir avec moi seront parfois exposés à l’ennui inséparable d’une longue route, où l’on éprouve tous les inconvénients des côtes à gravir, des fondrières à traverser, et autres retards de ce bas monde. Mais grâce à des chevaux passables et à un conducteur honnête, je m’engage aussi à arriver dans un pays plus pittoresque et plus romantique, si mes voyageurs veulent bien patienter pendant mes premiers relais. »
Dans cet extrait, Scott ne commet d’erreur que sur un point, ses explications et détours ne provoquent pas l’ennui mais au
contraire, par leur style léger et même parfois ironique, apportent une profondeur au récit qui le rend exceptionnel et passionnant.