Spaced
Publié le 8 Décembre 2009
Spaced
Série comique britannique – 1999 (saison 1) et 2001 (saison 2)
14 épisodes de 27 min
Réalisé par Edgar Wright, scénario de Jessica Stevenson et Simon Pegg
Avec Simon Pegg (Tim Bisley), Jessica Stevenson (Daisy Steiner), Mark Heap (Brian Topp), Nick Frost (Mike Watt), Julia Deakin (Marsha Klein), Katy Carmichael (Twist Morgan)
Daisy essaie de devenir journaliste et vit dans un squat. Tim travaille dans une boutique de comics, rêve de publier ses propres comics et vient de se faire larguer par sa copine. Tous les deux se rencontrent dans un pub et décident de se faire passer pour un vrai couple pour obtenir l’appartement de leur rêve près de Tufnell Park à Londres.
Après avoir vu Shaun of the dead, une comédie doublée d’un film de zombies, je me suis intéressée à ce que l’équipe avait fait avant. A Londres, j’ai trouvé l’intégrale de la sitcom qui leur a permis de faire leurs armes.
Spaced a été co-écrite par Simon Pegg et Jessica Stevenson et comme Shaun of the dead, a été réalisée par Edgar Wright. J’ai commencé à regarder en ayant l’impression que j’allais voir une sorte de Friends à l’anglaise. Le début le laisse présager. Deux jeunes d’environ 25 ans se rencontrent et deviennent colocataires. On a le sentiment qu’on va se retrouver avec une comédie romantique dont le but sera de démontrer que les protagonistes sont en fin de compte faits l’un pour l’autre. En fait, ce n’est que le côté annexe de l’histoire et finalement, le scénario est réellement plus basé sur l’amitié que sur les relations de couple (même si ça a son importance à plusieurs reprises, surtout pour Tim qui ne se remet pas de sa rupture). La série est avant tout basée sur la galerie de personnages assez différents, tous déjantés et surtout tous très bien écrits (même celle qui devrait être la concurrente de Daisy dans la saison 2 dans le cœur de Tim est trop sympa pour être détestée de ceux qui voudraient voir Tim et Daisy en couple).
On a donc Tim Beasley, un geek (mais pas trop) fan de science-fiction et de jeux vidéos, qui fantasme sur Dana Scully et Buffy, pleure en regardant Star Wars (et déteste la menace fantôme et surtout Jar Jar Binks avec toute la mauvaise foi qui caractérise les fans de la trilogie originelle) et a peur des bambous (entre autres). Il travaille au Fantasy Bazaar, un magasin de comics et son patron se nomme Bilbo Bagshot (il est interprété par Bill Bailey qui joue Manny dans Black Books).
Son meilleur ami est un ancien militaire moustachu, Mike, renvoyé pour avoir tenté d’envahir Paris. Il aime tout ce qui ressemble de près ou de loin à la guerre, les armes à feu (y compris les Robot wars, des réunions de bourrins où s’affrontent des robots téléguidés). Par un miracle que seuls les anglais peuvent accomplir, même ce personnage caricatural et bourrin réussit à devenir attachant, notamment dans son amitié avec Tim.
Daisy Steiner est quasiment allergique au travail. Elle trouve toujours une raison pour pratiquer la procrastination. Elle est très loin des standards habituels du personnage féminin de la sitcom moyenne. Elle porte des vêtements de jogging et des t-shirts informes dès qu’elle est chez elle. Le moment où elle postule à un emploi dans un magasine féminin est hilarant.
Sa meilleure amie, Twist travaille dans la mode… enfin, façon de dire et est elle une véritable fashionista qui ne perd pas une occasion de faire des remarques désagréables à Daisy.
Lorsqu’ils emménagent dans leur nouvel appartement, Daisy et Tim rencontrent Brian, un peintre totalement illuminé voire un peu terrifiant. La propriétaire de l’immeuble, Marsha est elle aussi allumée. On ne la voit jamais sans un verre (voire la bouteille) à la main et si on ne la voit pas, on l’entend se disputer avec sa fille adolescente, à l’étage au dessus. Brian et Marsha sont des personnages dont chaque apparition provoque son lot de rires. Je rêve de rencontrer un homme qui s’appelle Brian, juste pour le plaisir de lui dire « Hello Brian » avec la concupiscence d’une Marsha Klein. Ce qui est formidable, c’est que tous les personnages sont mis en avant et aucun ne tire la couverture à soi. Même le chien est formidable.
Dans la forme comme dans le fond, on est finalement loin des sitcoms habituelles et cela se remarque dès le milieu du premier épisode. Comme pour toute sitcom réussie, l’écriture est au cordeau, les dialogues sont précis et font mouche mais là, en outre, la créativité est au pouvoir, dans les scénarios comme dans la réalisation. Le visuel fait partie intégrante de la série et en est une des grandes réussites. Les références à la culture pop sont si nombreuses qu’on en rate probablement (un épisode est filmé façon Matrix, par exemple et bien sûr, Star Wars est un élément récurrent) mais peu importe, qu’on les reconnaisse ou pas, on peu simplement regarder au premier degré et y trouver son compte (un minimum d’attrait pour cette culture est quand même certainement requis pour apprécier l’humour déjanté mais je n’avais pas reconnu la référence à Vol au dessus d’un nid de coucou ou d’autres encore et j’ai aimé l’épisode quand même).
Spaced est au final une série superbe (même les gags régressifs qui ne devraient plus faire rire après 10 ans m’ont fait rire), qui a dix ans et qui n’a pourtant visuellement pas vieilli du tout, qui est d’une originalité folle et que j’ai déjà envie de revoir, pour le plaisir de tenter de comprendre toutes les références (indiquées dans les bonus du dvd)... Et puis pour le plaisir de revoir une série dans laquelle on peut voir ça :
Un seul défaut à signaler : cette série n’est jamais passée à la télévision française et n’existe donc qu’en v.o. (avec sous-titres en anglais en option).