Richard III - Shakespeare
Publié le 20 Octobre 2009
La tragédie de Richard III
De William Shakespeare
Titre original : The Tragedy of King Richard III
Première parution: 1591-1592
Edition Pléiade, Histoires, volume 2
L'ambitieux Richard, Duc de Gloucester, ambitionne la couronne royale qui doit revenir à son frère aîné, Edouard IV. Grâce à une succession de manipulations, de trahisons et de crimes, il accède au trône avant de faire régner la terreur.
Richard III fait suite aux trois parties de Henry VI. Conçue comme une tétralogie, cette série permet, semble-t-il, de lire chaque tome indépendamment. En tout cas, c'est ce que j'ai fait puisque je n'ai pas encore lu Henry VI.
Richard III est la première pièce d’ « Histoires » de Shakespeare que je lis. Enfin, histoire est certainement un terme abusif. L’introduction de l’édition de la Pléiade cite un contemporain de Shakespeare : « j’écris en poète, pas en historien ». Phrase qui prend tout son sens lorsqu’on lit la notice de la pièce qui confronte les faits de la pièce à une partie de la réalité historique. Richard n’a pas fait toutes les horreurs dont on l’accuse ici et cette même notice n’hésite pas à rappeler que Shakespeare écrit pour les Tudors qui cherchent à légitimer leur dynastie qui a succédé à Richard. Les notes de la Pléiade sont aussi très intéressantes car elles rétablissent souvent la réalité historique et replacent la pièce dans son contexte mais elles donnent aussi des indications très intéressantes sur certaines figures de style.
Richard III est donc présenté comme un personnage monstrueux. C’est un personnage vil, flatteur (toujours dans le but de réaliser ses ambitions démesurées), ignoble, sans cœur (il n’hésite pas à faire assassiner toute sa famille si ça peut lui être utile), machiavélique. En fait, pas un seul acte n’est gratuit pour Richard. Il est même présenté fréquemment comme un personnage diabolique. Amis comme ennemis peuvent craindre pour leur vie si c’est dans son intérêt. Dès la première scène, sa duplicité est clairement établie. Il veut accéder au trône et est prêt à tout pour y parvenir.
J’ai eu un peu plus de mal que d’habitude à entrer dans la pièce. Pas tant parce que lire Shakespeare en anglais est toujours difficile (mais la récompense est à la hauteur de la difficulté) que parce que les personnages sont très nombreux et certains sont à peine effleurés dans cet opus (certains ont l’air plus présents dans Henry VI).
Cependant, une fois la situation en place et les personnages posés, Richard III est une pièce passionnante, poignante (la confrontation entre Richard et Margaret dans l’acte I donne une scène d’une grande intensité et doit être superbe à voir avec ces deux personnages qui se renvoient la balle magnifiquement, chacun renchérissant sur les derniers mots de l’autre).
C’est une pièce que j’aurai besoin de relire (et peut-être même de voir) pour en apprécier plus certains aspects mais une fois passée la difficulté des premières scènes et l’intensité dramatique à son comble, cette pièce est fascinante.
En outre, je conseille l’édition Pléiade, pour sa version bilingue et ses notes explicatives (pour comprendre la différence entre ‘tyrannicide’ et ‘régicide’, notion importante de la pièce, par exemple).
Une lecture commune avec Karine, The Bursar et Hermione.
« - Il n’est pas de bête si féroce qu’elle ne connaisse quelque pitié.
- Mais je n’en connais aucune, et donc ne suis pas une bête. »