Profondeurs - Mankell
Publié le 20 Mars 2011
Profondeurs
De Henning Mankell
Titre original: Djup
Première parution: 2004
Edition Le Seuil
344 pages
Quatrième de couverture : Automne 1914. La Suède, malgré sa neutralité, craint d'être entraînée dans la guerre, car les flottes allemande et russe s'affrontent au large de ses côtes. Le capitaine Lars Tobiasson-Svartman reçoit la mission de sonder les fonds de la mer Baltique et de chercher une route maritime secrète à travers l'archipel d'Östergöland. L'homme est hanté par l'idée de contrôle qu'il exerce en mesurant tout ce qui l'entoure, les masses, le temps, les distances entre les lieux, les objets et les êtres (sa femme Kristina restée à Stockholm). Mais lorsqu'il découvre Sara Fredrika vivant seule sur une île désolée, la présence de cette femme très vite l'obsède et il devient son amant. Le fragile couvercle qu'il maintenait sur son " abîme " intérieur se soulève et son univers tiré au cordeau vole en éclats…
J’aime beaucoup Henning Mankell depuis que j’ai découvert sa série policière mettant en scène le policier Kurt Wallander. Je
n’avais encore lu aucun de ses autres romans. Profondeurs n’est pas une histoire policière. Ce roman met en scène un homme froid, qui peut paraître un peu attachant au départ car on sent
que derrière cette volonté de mettre des distances entre lui et les autres, y compris sa femme, se cache un passé sordide et douloureux (au point qu’il a fait modifié son nom pour mettre une
distance entre lui et son père) mais qui devient peu à peu perturbant. On sent de plus en plus que le contrôle n’est qu’en surface et que derrière, dans l’esprit de Lars, il y a des profondeurs
qui sont terrifiantes.
Le début est lent mais je trouve que la façon dont Mankell nous présente son personnage est totalement réussie. On ne peut
pas l’aimer mais on est réellement intrigué par cet homme qui se sent plus proche de sa sonde que de sa femme (et rien n'est laissé au hasard dans ce roman, la sonde aura son importance). Du
coup, cette lenteur se justifie parfaitement. C’est d’ailleurs déjà ce qui fait le style de Mankell dans ses romans policiers où la psychologie du héros est aussi voire plus importante que
l’action. On retrouve cela ici. Malgré tout, ça finit par traîner un peu en longueur et j’ai fini par me demander où l’auteur voulait en venir. Heureusement, ce sentiment ne dure pas,
l’atmosphère pesante du début laisse place à une histoire glaçante comme un hiver sur l’îlot où vit Sara Fredrika, dont Lars devient l’amant. L’histoire prend de l’ampleur et se dénoue de manière
impitoyable mais magnifique. C’est sombre de bout en bout (et l’aspect sinistre est merveilleusement rendu grâce à la plume très efficace de Mankell). Pourtant, ce roman est fascinant et me
laissera certainement une profonde impression. J'aime aussi Mankell quand il sort de la littérature policière.
Attention à la quatrième de couverture qui révèle toute l’intrigue du livre. Je l'ai coupée volontairement dans ce billet.