Les Mystères de Morley Court - Le Fanu
Publié le 30 Novembre 2009
De Joseph Sheridan Le Fanu
Titre original: The Cock and the Anchor
Première parution: 1845
Edition Phébus
460 pages
Quatrième de couverture : Cette première œuvre de Le Fanu, parue en 1845, n'avait jamais été traduite en français : elle ne décevra pas les amateurs de thrillers, d'émotions fortes et d'aventures sombres et fantastiques. Dans l'Irlande du début du XVIIIe siècle, la jeune Mary Ashwoode voit ses amours avec le bel O'Connor contrariées par les plans machiavéliques d'un père monstrueux qui veut la spolier de sa fortune et lui faire épouser un barbon ridicule. Puis, après la mort mystérieuse de Sir Richard, elle devient la victime de son fils, un libertin criblé de dettes tombé sous la coupe du sinistre Blarden... Dans la lignée de Walter Scott et de La Fiancée de Lammermoor, nous retrouvons ici l'éternel combat de la jeunesse et de l'innocence contre un ordre patriarcal inhumain fondé sur des privilèges de caste et de fortune. Même si les figures pittoresques des domestiques et l'évocation des tripots de Dublin forment un plaisant contrepoint à cet univers oppressant, ce sont l'angoisse et la violence qui dominent. Nuits d'orage, duels, chevauchées, poursuites entretiennent l'atmosphère de frénésie chère au roman " gothique ".
J’ai découvert Le Fanu avec un des tous premiers romans, réussi, sur le thème du vampire, Carmilla. Les Mystères de Morley Court n’est pas un roman fantastique. Il met en scène un couple d’amoureux contrarié, Mary Ashwoode et Edmond O’Connor et suit leurs aventures respectives alors qu’ils sont séparés après de très courtes retrouvailles, après le retour au pays d’Edmond. Ceux qui apprécient les romans gothiques ne seront pas dépaysés. Bien que victorien, ce roman se passe en Irlande au XVIIIe siècle et possède certaines caractéristiques du genre. Une jeune femme soumise à des aléas malheureux (ici, un mariage forcé), une atmosphère particulière et de l’aventure.
Le récit est vif et enjoué, ce qui donne beaucoup de légèreté à un récit qui pourrait sinon être très sombre. On y trouve souvent des traits ironiques voire un certain détachement de la part de l’auteur. Cela donne des passages amusants. Sans être époustouflante (c’est un peu la loi du genre de savoir comment ça se termine à l’avance), l’intrigue ménage des effets de surprise et se suit avec intérêt. La plus belle réussite, pour moi, ce sont indéniablement les personnages secondaires, hauts en couleurs, tels le valet un peu ridicule Larry Toole, l’ignoble père de Mary, Richard Ashwoode, prêt à la spolier pour conserver son rang, son frère, Henry, égocentrique et manipulateur et l’effroyable Blarden, brute épaisse sans états d’âmes, un avocat véreux et un prêtre assez spécial… C’est donc au final une lecture très agréable qui m’a donné envie de poursuivre ma découverte de cet Le Fanu.
Merci à Cryssilda pour le prêt et à Pimpi qui m’a permis de le sortir enfin de ma Pal pour cette lecture commune.
Comment écrire d’un homme ivre qu’il est ivre sans écrire qu’il est ivre :
« Le révérend, beaucoup moins prudent que son compagnon, commença bientôt à montrer d’indiscutables symptômes témoignant de la libération de son énergie, intellectuelle et physique, agrémentée d’un taux élevé d’hilarité. »