Les fables de l'Humpur - Bordage
Publié le 19 Mai 2010
Les fables de l’Humpur
De Pierre Bordage
Première parution: 1999
Edition Au Diable Vauvert
574 pages
Véhir est un grogne (mi homme-mi cochon). Il se soumet aux règles très dures de son village, où tout se partage mais son désir d’individualité est le plus fort et il s’enfuit. Il croise sur sa route Tia, une hurle (mi femme-mi loup), qui fuit Luprat, la cité des loups pour éviter un mariage forcé. Tous deux partent à la recherche des dieux humains, objets de légendes.
Quatrième de couverture : Dans le pays de la Dorgne, des êtres mi-hommes mi-animaux perdent peu à peu leur patrimoine génétique originel pour s'enfoncer inexorablement dans la régression. Tribus dominantes carnivores, communautés agricoles servant de pâture aux clans prédateurs, tous sont soumis aux lois de l'Humpur qui punissent de mort les mélanges entre clans et les sentiments humains.
Les Fables de l'Humpur étonne par l'originalité de son style. Mais ce livre singulier est avant tout un fabuleux roman d'amour, une ode à la différence et sans doute l'une des plus belles histoires de Bordage.
Les fables de l’Humpur est un roman difficile à classer Il mêle fantasy et science-fiction, en recréant un univers moyenâgeux dans le futur. Ce qui frappe d’abord, c’est le style. Bordage crée un langage particulier, à base de mots et de formes anciens (j’ai reconnu un mot de mon enfance, les « grolles » qui sont des « corbeaux » en patois) dans les dialogues. C’est bien fait, vraiment très agréable à lire et très original.
Ensuite, l’univers développé par l’auteur est également tout à fait réussi. On y découvre un monde âpre où toute individualité est sévèrement réprimée et où l’on ne doit faire que des tâches destinées à la survie de l’espèce. Les héros du récit, rares porteurs de volonté individuelle et d’un restant d’humanité, doivent en permanence lutter contre leur nature animale. Ainsi, Tia la hurle ne peut s’approcher de Véhir le grogne sans avoir envie de le dévorer comme son instinct l’y pousse.
Le roman est une sorte de voyage initiatique, une fable (chaque chapitre est d’ailleurs introduit par un fabliau brillant en lien avec l’histoire) sur la tolérance, mais aussi sur la religion.
J’ai suivi les pérégrinations des personnages avec intérêt, même si j’ai trouvé une certaine naïveté dans ces amitiés improbables. Les Fables de l’Humpur sont une belle réussite.
Merci aux Editions du Diable Vauvert.