Le Premier Livre des Contes Perdus - Tolkien
Publié le 21 Décembre 2010
The Book of lost tales part 1
The History of Middle-earth, vol. 1
De J.R.R. Tolkien et Christopher Tolkien
Première parution: 1983
Edition HarperCollins Publishers
297 pages
Quatrième de couverture : The Book of Lost Tales stands at the beginning of the entire conception of Middle-earth and Valinor, for the Tales were the first form of the myths and legends that came to be called The Silmarillion. Embedded in English legend and English association, they are set in the narrative frame of a great westward voyage over the Ocean by a mariner named Eriol (or Ælfwine) to Tol Eressëa, the lonely Isle, where Elves dwelt; from them he learned their true history, the Lost Tales of Elfinesse. In the Tales are found the earliest accounts of Gods and Elves, Dwarves, Balrogs and Orcs; of the Silmarils and the Two Trees of Valinor, of Nargothrond and Gondolin; of the geography and cosmology of the invented world.
The History of Middle-earth (souvent abrégé en HoMe) ou Histoire de la Terre du Milieu est une collection de douze volumes regroupant les premiers textes de Tolkien, commentées par son fils et éditeur Christopher Tolkien.
Les deux premiers tomes, The Book of lost tales (Le livre des Contes perdus), sont consacrés à l’histoire du Premier Âge des Grandes Terres (qui deviendront finalement la fameuse Middle-earth, la Terre du Milieu). C’est à partir des dernières réécritures de ces ébauches que sera compilé le Silmarillion (il faut se rappeler que Le Silmarillion a été composé après la mort de Tolkien à partir de textes épars). Ces ébauches sont agrémentées des analyses de Christopher Tolkien.
Dans cette première partie du Livre des Contes Perdus on voit la première volonté de Tolkien qui était de placer résolument son histoire dans le monde de la vieille Angleterre puisque tout part sur l’arrivée d’un marin au nom anglo-saxon à Tol Eressëa où des Elfes vont lui conter la création du monde, l’arrivée des Valar en Arda et tous les événements qui suivent jusqu’à la fuite des Elfes de Valinor. L’intérêt du livre est donc de comparer des versions primitives avec Le Silmarillion. Ainsi, certains textes sont abandonnés, comme le point de départ du Livre des Contes Perdus, le voyage d’Eriol, certains récits sont plus détaillés que dans Le Silmarillion, comme la création de la Lune et du Soleil, ou la présentation des Valar (les plus guerriers d'entre eux vont même disparaitre) tandis que d’autres récits sont beaucoup plus concis.
J’ai pris un très grand plaisir à cette lecture. Au début, ce n’est pas toujours simple à lire, à cause du style volontairement très archaïque des premiers textes (avec inversions de sujets et formes anciennes aujourd’hui disparues systématiques), ce qui rend les tous premiers poèmes assez pesants. Certains termes sont particulièrement déroutants également. Ainsi, le mot "Gnome" désignant certains Elfes est particulièrement dérangeant même si dans l'esprit de Tolkien, cela se rapportait au terme grec "gnosis", la connaissance. Il en avait lui même conscience puisqu'il a plus tard abandonné cette idée.
A la lecture de ce document précieux, il est surprenant de voir que, si formellement, Tolkien a beaucoup évolué, le matériau de base était là dès le début. C’est là qu’on remarque à quel point, ce qui intéressait le plus Tolkien, c’était le langage. Dans ses grandes lignes, les histoires restent les mêmes (étrangement, c’est la plus importante, celle des Silmarils qui a le plus évolué car au début, les Silmarils eux-mêmes étaient presque accessoires) et ne font que se développer ou être abandonnées. En revanche, les noms inventés changent et évoluent énormément.
Bien sûr, ces textes s’adressent uniquement à ceux qui ont aimé Le Silmarillion et qui sont
curieux de connaître le cheminement qui a conduit Tolkien à composer son univers fabuleux. La forme de compilation interrompue par des commentaires et des notes ne plaira pas à celui qui a
simplement pris plaisir à lire le Seigneur des Anneaux. En revanche, c'est intéressant pour tout passionné de Tolkien dans la mesure où c’est l’œuvre d’une vie qui défile sous les yeux du lecteur
car Tolkien pouvait reprendre un texte encore et encore sur plusieurs décennies. Les textes d’analyse de Christopher Tolkien, à la fin de chaque partie, sont souvent pertinents et assez courts
pour ne pas ennuyer. On y apprend des détails intéressants comme les sources d'inspiration (par exemple, que Kortirion est basée sur la ville réelle de Warwick).
"Now is a court set upon the slopes of Taniquetil and Melko arraigned before all the Vali great and small, lying bound before the silver chair of Manwë. Against him speaketh Ossë, and Oromë and Ulmo in deep ire, and Vána in abhorrence, proclaiming his deeds of cruelty and violence; yet Makar still spake for him, although not warmly, for said he: " 'Twere an ill thing if peace were for always: already no blow echoes ever in the eternal quietude of Valinor, wherefore, if one might neither see deed of battle nor riotous joy even in the world without, then 'twould be irksome indeed, and I for one long not for such times!" Thereat arose Palúrien in sorrow and tears, and told of the plight of Earth and of the great beauty of her designs and of those things she desired dearly to bring forth; of all the wealth of flower and herbage, of tree and fruit and grain that the world might bear if it had but peace. "Take heed, O Valar, that both Elves and Men be not devoid of all solace whenso the times come for them to find the Earth"; but Melko writhed in rage at the name of Eldar and of Men and at his own impotence."
Voyons si ma chère compagne de challenge, Yueyin, a autant apprécié la lecture de la traduction française que j’ai aimé la version anglaise.