Le plaisir de la captive - Brizuela
Publié le 9 Novembre 2009
Le plaisir de la captive
De Leopoldo Brizuela
Titre original: El placer de la cautiva
Edition José Corti Editions
260 pages
Quatrième de couverture : Dans l'Argentine de la fin du XIXe siècle depuis la pampa jusqu'à la Terre de Feu, Leopoldo Brizuela revient avec la puissance d'évocation déjà remarquée dans Angleterre, une fable, son précédent roman, à ses deux thèmes de prédilection l'anéantissement des populations et des cultures indiennes par les Blancs ; les rapports homme-femme au sein de sociétés vouant un culte à la virilité. La nouvelle éponyme, Le plaisir de la captive, relate la chevauchée à travers la pampa d'une jeune fille blanche poursuivie par un chef indien. Tandis qu'elle prend conscience de la montée du désir en elle, Rosario semble peu à peu, par une appropriation de la stratégie de l'Indien, renverser les rôles et imposer de nouvelles règles à la poursuite, qu'elle convertit en une sorte de cérémonie érotique et d'épreuve initiatique - long prélude à l'étreinte finale, dont le lieu et le moment seront choisis par la " captive ". Le Petit Pied de Pierre raconte, à partir de trente-huit témoignages qui sont autant de voix différentes et parfois divergentes, la biographie fictive d'un personnage réel : Ceferino Namuncurà, fils et petit-fils de caciques qui tinrent longtemps en échec l'armée argentine, l'un des derniers survivants de sa tribu, dont, à des fins édifiantes l'Eglise voulut faire un prêtre, et dont un grand nombre d'Argentins firent un saint. Lune rouge, sous un déguisement ethnologique (et, à l'occasion, burlesque), est une rêverie poétique sur la fonction de gardien du feu chez les Yaghan de la Terre de Feu, peuple de navigateurs et de pêcheurs. Vénéré et donc solitaire, le gardien du feu, véritable chaman androgyne initié aux mystères élémentaires, restait obstinément penché sur la flamme ancestrale. Ne frappent pas seulement dans ces récits la thématique abordée, mais aussi l'écriture et la construction de l'ensemble où chaque motif semble se répondre d'une histoire à l'autre ; où la langue est au service du vaincu, comme elle était aussi naguère, l'instrument du vainqueur.
Malgré le fait que je sois en général peu amatrice de nouvelles, trop frustrantes à mon goût, le thème de ce recueil d’un auteur argentin me tentait. D’ailleurs, le début a été à la hauteur de mes espérances, avec la nouvelle qui donne son titre à l’ouvrage, le plaisir de la captive. Ce récit de course poursuite entre Rosario qui utilise les méthodes indiennes et ses poursuivants indiens, sans être palpitante est très agréable et la fin est somme toute assez terrifiante.
Hélas, la suite m’a déçue. La forme l’emporte trop sur le fond. J’ai besoin d’un minimum d’intensité dramatique ou au moins d’un enjeu (ce que l’on trouve dans la première nouvelle et qui m’a intéressémais plus du tout par la suite). Dans la deuxième nouvelle, Petit pied de Pierre, j’ai trouvé le travail d’écriture plus pesant que plaisant. Sur un si court récit, autant de voix différentes qui racontent l’histoire d’un enfant qui tient plus du symbole que d’un être réel, ça finit par lasser quelqu’un qui n’est pas une fanatique du mot pour le mot, comme moi. Je suis trop peu sensible à la beauté du texte pour l'apprécier.
Les deux dernières nouvelles m’ont semblées moins difficiles à lire mais guère plus palpitantes. Bref, c’est certainement bien écrit, c’est intelligemment construit mais ce n’est simplement pas pour moi.
Maillon n°8 :
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