La chasse au Snark - Carroll
Publié le 25 Mai 2010
La chasse au Snark
Suivi de A travers le Jabberwocky
De Lewis Carroll
Titre original: The hunting of the Snark, An agony in eight fits
Première parution: 1874
Edition Folio
132 pages
Quatrième de couverture : Un cireur de souliers, un fabricant de bonnets, un boulanger, un avocat et un castor, entre autres personnages, partent à la chasse d'un animal fantastique : le Snark. En espérant qu'il ne s'agira pas d'un boojum ! Moins connu qu'Alice au pays des merveilles mais aussi extravagant, La chasse au Snark conserve toute sa puissance comique. En regard du texte anglais, accompagné des illustrations originales de Henry Holiday, la traduction de l'oulipien Jacques Roubaud respecte l'oralité de ce long poème. Elle est suivie d'une analyse par le linguiste Bernard Cerquiglini.
L'occasion d'une promenade savoureuse à travers l'oeuvre de Lewis Carroll pour redécouvrir, à l'aune des recherches de Joyce et d'Artaud, l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature victorienne.
La chasse au Snark est une pépite. Pourtant, même si j’adore l’absurde britannique, lire ce poème me faisait peur. Je suis une lectrice de poésie très médiocre alors avec le côté délirant de Carroll, je craignais de ne rien comprendre et de m’ennuyer. Pour être honnête, je crois que je n’y ai pas compris grand-chose et c’est peut-être aussi la preuve que je ne sais pas lire parce que si Carroll a voulu dire quelque chose ou faire passer un message à travers son texte, je suis passée totalement à côté. Je serais bien incapable d’en dire quoi que ce soit de précis.
En revanche, si je ne sais toujours pas vraiment si ce texte a un sens caché, je peux dire que je l’ai trouvé passionnant à lire. Non seulement ce poème est formellement très réussi mais il est en plus très abordable. On suit le voyage improbable de chasseurs tout aussi improbables d’une créature impossible, le Snark. Même si Carroll y manie l’absurde en permanence, l’ensemble du texte est magnifiquement cohérent. C’est délirant mais compréhensible.
Hélas, la version française perd des détails qui, s’ils ne sont pas nécessaires à la compréhension, font en partie le sel du texte. Ainsi, chaque membre de l’équipage qui part à la chasse au Snark a une profession (ou dans un cas est un animal) qui commence par la lettre ‘B’ : Beaver (Castor), Butcher (Boucher), Bellman (Homme à la cloche), Banker (Banquier)… Pour le reste, dans l’une ou l’autre version, ce texte est splendide.
La Chasse au Snark est suivie par une comparaison des mots-valises inventés par Lewis Carroll qu’on trouve dans le Jabberwocky. J’ai trouvé étrange ce choix de placer cette étude après La Chasse au Snark plutôt que à la suite de « Derrière le mirroir » car j’ai eu du mal à resituer le texte dans son contexte mais la comparaison elle-même est passionnante pour qui s’intéresse à la traduction.
Parce que je ne me sens pas à la hauteur pour parler de ce genre d’ouvrage, et que
rien ne vaut le texte, voici une citation (qui revient à plusieurs reprises) qui ici semble obscure mais qui semble tout à fait logique à la lecture:
“They sought it with thimbles, they sought it with care;
They pursued it with forks and hope;
They threatened its life with a railway-share;
They charmed it with smiles and soap.”
“Ils le chassèrent avec des dés à coudre
Ils le chassèrent avec passion
Ils le poursuivirent avec des fourchettes et de l’espoir
Ils menacèrent sa vie avec une action de chemin de fer
Ils le charmèrent avec des sourires et du savon”
Merci aux éditions Folio.