L'Odyssée de Pénélope - Atwood
Publié le 4 Septembre 2010
L’odyssée de Pénélope
De Margaret Atwood
Titre original: The Penelopiad
Première parution: 2005
Edition Flammarion
160 pages
Quatrième de couverture : " Depuis toujours nous étions tous deux, de notre propre aveu, des menteurs émérites et éhontés. " Ainsi Pénélope évoque-t-elle le couple qu'elle formait avec Ulysse - Pénélope qui, comme son époux, recourut à la ruse et à l'artifice pour sauver sa vie. Selon Homère, Ulysse à son retour de Troie massacra tous les prétendants à son trône qui, en son absence, avaient courtisé son épouse. Mais il fit aussi pendre les douze servantes de Pénélope qu'il accusa de l'avoir trahi. Dans cette relecture originale du mythe grec que nous propose Margaret Atwood, Pénélope, hantée par la mort de ses servantes, raconte depuis les Enfers sa propre version de l'histoire, celle d'une femme, d'une épouse, d'une mère et surtout d'une reine bien plus lucide et plus forte que ce que les hommes ont voulu croire jusqu'à aujourd'hui.
L’odyssée de Pénélope est une réécriture amusante et légèrement féministe de l’histoire de Pénélope, la célèbre femme d’Ulysse, héros de l’Odyssée. C’est Pénélope qui, depuis les Enfers, nous conte son histoire. C’est une femme lucide, aussi brillante à sa façon que son époux. Ulysse y est bien sûr très peu présent. Décrit par Pénélope, il n’est pas aussi à son avantage que dans la tradition, mais c’est un partenaire pas désagréable pour Pénélope. Parmi les hommes, c’est Télémaque et ses relations difficiles avec sa mère qui est le plus présent. On y voit surtout des femmes, Hélène, notamment, qui bien sûr, vue par le biais de Pénélope n’est pas particulièrement montrée sous un jour positif.
J’avais deux craintes en commençant ma lecture. La première, c’était la réputation de l’écriture particulière. La langue employée est assez moderne. J’aurais préféré une écriture plus proche du pastiche mais je me suis bien habituée au style de Margaret Atwood. Quant à mon autre réserve, elle concernait l’intérêt du point de vue de Pénélope. Une femme qui passe sa vie à tisser et détisser, ça peut lasser rapidement. De ce côté-là, mes craintes se sont effacées très vite. S’il ne se passe pas grand-chose dans la vie de Pénélope, ses nombreuses réflexions souvent amusantes m’ont particulièrement intéressées.
Le récit est entrecoupé du chœur des servantes qui m’a laissé dubitative au début, avant que je comprenne que finalement, ce sont elles qui sont au cœur de l’histoire. Elles sont un symbole dont Atwood donne le code dans les dernières pages.
Cette thèse finale, définie par le sort des servantes, est peut-être contestable historiquement mais c’est intéressant d’un point de vue purement littéraire et ça donne à réfléchir.
J’ai donc passé un excellent moment avec Pénélope et son Odyssée. Et ça m’a donné envie de lire l’Odyssée, moi qui avais piteusement abandonné l’Iliade il y a de nombreuses années.
Maillon n°13 :
Choix d’Argantel (mais où est-elle ?)