L'amour au jardin - Otte
Publié le 12 Octobre 2010
L’amour au jardin
De Jean-Pierre Otte
Première parution: 1995
Edition Phebus Libretto
160 pages
Quatrième de couverture : Un homme se penche sur son jardin, et d'abord sur les moeurs singulières des êtres vivants qui l'habitent : fleurs et bestioles, dont la grande affaire est bien sûr l'amour. Car tout ici est sexe. Les fleurs sont visitées. On se glisse, corseté comme un faux bourdon, dans les calices, on entre dans l'intimité de l'iris, de la violette ou de la figue. Des enchantements, des plaisirs nous attendent, mais aussi des épreuves, des périls des pièges - quand le crabe doré et la mante religieuse portent l'amour à l'estomac.
J’ai commencé ce petit livre avec beaucoup de craintes. L’anthropomorphisme m’agace déjà prodigieusement lorsqu’on traite d’animaux évolués alors quand l’auteur parle des valeurs morales à propos de fleurs ou d’« interdits de la primevère » ou de la fleur qui « a conçu avec intelligence cette épreuve » (oui, bien sûr, la fleur s’est éveillée un matin et s’est dit : « J’ai besoin d’un but dans la vie. Tiens, et si je concevais un piège, je suis vraiment une bête d’intelligence »), je manque m’étouffer. De même, lorsque des défauts ou qualités jugés féminins sont attribués à des végétaux, je suis au bord de l’apoplexie. D’ailleurs, il aurait mérité de s’appeler la sexualité au jardin plutôt que l’amour au jardin, puisqu’il est question de reproduction. C’était donc très mal parti pour ce livre.
Et pourtant, peu à peu, je me suis prise au jeu. En dehors des quelques abus de langage que j’ai cités plus haut, j’ai trouvé qu’Otte a un vrai talent descriptif et même un vrai talent de conteur qui procurent un certain plaisir à la lecture de ces descriptions successives de la sexualité des plantes. Sans avoir été passionnée, je l’ai lu avec facilité tellement les mots coulent de source et ce fut une lecture somme toute agréable. J’ai même trouvé certains passages particulièrement plaisants.
« Quoi qu’il en soit, l’iule n’agonise pas après l’accouplement, pas plus qu’il n’est dévoré par sa partenaire, ainsi que la chose semble de tradition festive chez d’autres espèces. Il survit très aisément à l’amour et ne paraît pas étonné de son privilège ni même en éprouver une quelconque gratitude. »
Maillon n°14 :
Choix de Yohann