L'amant - Duras
Publié le 18 Décembre 2010
L’Amant
De Marguerite Duras
Première parution: 1984
Edition: Editions de Minuit
142 pages
Dans ce roman autobiographique, Marguerite Duras raconte son adolescence au sein d’une famille de colons pauvres au Viêtnam. L’histoire commence lorsque la narratrice de quinze ans rencontre un millionnaire chinois, de douze ans son aîné, sur le bac qui l’emporte vers son lycée.
Ma première lecture de L’Amant remonte à mes années d’étudiante. Je me souvenais d’une écriture qui ne me plaisait pas vraiment mais d’une histoire qui m’avait fascinée. Cette deuxième lecture est venue confirmer ce sentiment. Sur la forme, l’écriture de Duras me déplait. C’est un style très particulier dans lequel on saute d’une idée à l’autre dans une sorte de va-et-vient permanent. En outre, cette écriture est économe, presque sèche, sans dialogues où la narration passe du « je » au « elle ». A priori c’est tout ce que je n’aime pas en littérature. Et pourtant, cette économie de moyens est probablement ce qui rend ce texte si efficace car il me touche comme peu d’histoires peuvent le faire.
Duras a une façon détachée et pourtant touchante de raconter les non-dits d’une famille, la sienne, et l’histoire d’une toute jeune fille de quinze ans et demi qui se sent mal aimée par sa famille et qui découvre le désir dans les bras d’un chinois, liaison sans avenir dans le Viêtnam colonial. Ce qui est magnifique et pathétique à la fois, laissant une impression très douce-amère, c’est le mélange d’amour et de haine que ressent l’héroïne pour sa famille, c’est aussi le lien entre la volupté et l’intérêt qui est presque perturbant. On est plus proche de la prostitution que de l’amour (avec le consentement hypocrite de la mère et des frères, ce qui est encore plus terrible) mais la façon dont cette adolescente découvre le désir et la sensualité est magnifiquement décrit ainsi que le conditionnement familial qui rend la réalisation des désirs si particulier.
Maillon n°13 :
Choix de Bluegrey
Yueyin a également relu le livre pour la chaîne mais nous en avons fait une lecture commune (parce que ça nous manquait) Il semblerait que nous ayons un point de vue assez proche sur ce livre mais vérifions.
"Ces soirées se passent toutes de la même façon. Mes frères dévorent et ne lui adressent jamais la parole. Ils ne le regardent pas non plus. Ils ne peuvent pas le regarder. Ils ne pourraient pas le faire. S'ils pouvaient faire ça, l'effort de le voir, ils seraient capables par ailleurs de faire des études, de se plier aux règles élémentaires de la vie en société."