Jamais avant le coucher du soleil - Sinisalo
Publié le 23 Février 2011
Jamais avant le coucher du soleil
De Johanna Sinisalo
Titre original: Ennen päivänlaskua ei voi
Première parution: 2000
Edition Acte Sud, Babel
318 pages
Quatrième de couverture : Dynamique photographe de pub, Ange vit en solitaire stressé. Un soir, rentrant chez lui, il sauve des bottes d'une bande de jeunes quelque chose qui ressemble fort à un animal blessé. Il lui faudra vite se rendre à l'évidence : la chose recueillie dans son appartement est un enfant troll, perdu certes mais sauvage et d'une violence inquiétante.
Commencent alors d'une part une enquête qui se doit d'être la plus discrète possible sur ce que sont ces êtres que nombre de documents ne disent pas imaginaires mais bien réels et, d'autre part, une partie de cache-cache avec les amis, les collègues de travail et les voisins d'immeuble.
Au quotidien du photographe, qui tient peut-être l'occasion de réaliser les photos de sa vie mais doit dissimuler l'existence de son troll, se mêlent ainsi des données qui, progressivement, lui disent que ce qu'il vit n'est pas un rêve mais une réalité dangereuse à laquelle il va bien falloir trouver une solution... forcément radicale.
Jamais avant le coucher du soleil est un roman fantastique finlandais quelque peu perturbant. On y retrouve un univers excessivement décalé comme seuls les scandinaves sont capables d’en créer. En plus d’un troll, on a ici une bande de gens qui désire ce qu’il ne peut avoir, une esclave sexuelle achetée par Internet et un homme dont l’obsession pour un troll bestial est particulièrement malsaine. Bref, Johanna Sinisalo est partie dans un délire total et est allée jusqu’au bout. A force d’être délirant, on pourrait lui reprocher d’en faire un peu trop parfois et de tomber un peu à plat (si on part du principe que les Trolls existent, un Troll en jean pour une pub, ce n’est pas plus intéressant qu’un chien à lunettes alors ça ne fonctionne plus vraiment comme élément comique) ou bien de jeter beaucoup d’idées mais de rester superficielle (aucun personnage qui gravite autour d’Ange n’est développé). Pourtant, malgré quelques défauts, ce roman est prenant.
En outre, j’ai beaucoup aimé sa construction. L’alternance de chapitres courts qui enchaînent des points de vue différents
rend le récit très dynamique et jamais ennuyeux. A cela s’ajoutent les « documents » sur les trolls qui entrecoupent le récit, extraits du Kalevala, contes populaires, récits
ethnographiques, etc. C'est fait de manière très efficace.
Jamais avant le coucher du soleil est un roman particulier mais agréable à lire voire difficile à lâcher lors de la lecture.