Berlin (2-7 août 2009)
Publié le 18 Août 2009
Si j'avais eu le choix, je ne serais jamais partie en août, mais je suis partie en accompagnatrice, à l'insu de mon plein gré. Mais Berlin, même en été n'est pas une ville prise d'assaut par les touristes et finalement, c'est agréable d'avoir de longues journées. Seule la chaleur a été un peu difficile mais j'ai découvert une ville que j'ai beaucoup aimée.
Ce qui m'a le plus frappé, dès le départ, en dehors de la taille de la ville (impossible de se contenter de ses pieds ici), c'est le manque souvent flagrant d'homogénéité de l'architecture. Je n’ai jamais eu autant le sentiment de ressentir l’histoire d’une ville en la visitant. Les effets de l’histoire du dernier siècle sont tellement visibles, et encore marqués (jusque dans les feux de signalisation), monuments de la période prussienne, de la période soviétique et du renouveau se mélangeant. C'est différent des capitales habituelles mais c'est le grand charme de Berlin. Il y en a vraiment pour tous les goûts. Mais surtout, les travaux en cours laissent penser que la ville pourrait encore changer de physionomie dans les années à venir (je me demande bien ce que va devenir le chantier du Palast der Republik, par exemple, juste en face de l'Île aux Musées). Et les berlinois n’hésitent pas à regarder leur histoire en face, semble-t-il (à moins que cela ne soit que de façade), mais sont aussi tournés vers l’avenir.
Jour 1:
2 août, 3h15 du matin, le réveil sonne. Et une ado de 15 ans à 3h du mat’, c’est tout
mou (enfin encore plus que d’habitude). A 4h, il faut être à l’arrêt de bus, c’est dur, surtout sous la pluie. Cinq heures plus tard, après un rétroviseur de
bus perdu et un projet de croissant comme petit déjeuner (je ne dois pas avoir la même notion de petit déjeuner qu’Air France), nous arrivons à Berlin. Il fait chaud, très
chaud.
Au bout d’une heure, ma phrase préférée en allemand, c’était « Sprechen Sie Englisch ? ». C’est aussi le temps qu’il m’a fallu pour comprendre que quand on ne maîtrise pas la langue, il vaut mieux éviter les questions en allemand et passer directement à l’anglais. Parce que sinon, les berlinois, qui sont très sympathiques avec les touristes et font de leur mieux pour aider, ils se mettent à vous parler en allemand et là, comme vous venez juste de mobiliser toutes vos capacités pour poser la question, vous prenez un air ahuri qui n’est pas des plus seyants. En plus, beaucoup d’entre eux parlent anglais.
Nous commençons par prendre la ligne de bus 100, la plus touristique de Berlin,
ce qui permet d’avoir un aperçu des monuments. Cryssilda qui est là en week-end nous donne rendez-vous à Alexanderplatz, un lieu
mythique. Nous descendons du bus, pénétrons sur la place et là c’est le choc... euh, c’est ça la place ? Ah ouais quand même ! Une fontaine avec une oeuvre d’art moderne non identifiée
avec quelques jeunes zonards qui picolent autour, c’est spécial comme arrivée. On se demande si les bouteilles de bière vides qui flottent dans la fontaine font partie de l’oeuvre. Visiblement
pas ou alors le jeune homme qui patauge dans l’eau (vu l’eau, ça relève de la cascade) et qui les récupère est un voleur d'œuvres d’art.
Cryssilda nous explique alors que de l’autre côté des splendides bâtiments de type soviétiques (il y a une erreur dans l’expression « splendides bâtiments de type soviétiques », saurez-vous la retrouver ?), il y a une magnifique fontaine et que Berlin, c’est beau en vrai. Nous avons décidé de ne pas fuir la ville immédiatement donc. Et nous avons eu raison.
Cryssilda nous a emmené déjeuner à Nicolaiviertel. C’est un quartier qui a été reconstruit. Ça fait un peu carton pâte tellement c’est coloré mais j’ai bien aimé ce côté kitsch et ça fait vraiment village dans la ville.
Comme il faisait très chaud, personne n’était très motivé pour crapahuter mais personne n’avait très faim non plus. Nous voulions juste un plat léger. Et là, j’ai un scoop. Les allemands ne sont pas tout à fait comme nous. Ils doivent avoir deux estomacs ou un truc comme ça. Ou alors ils cachent un Slitheen à l’intérieur. Ou bien, comme certains animaux, ils cachent une réserve de nourriture dans les joues pour l’hiver. Je ne vois pas d’autre explication susceptible d’expliquer la taille des portions servies dans les brasseries. Si on m’avait dit que je n’arriverais pas à finir une salade ! (Mais bon, d’habitude, il n’y a pas le jardin entier de mes parents dedans - mes parents sont connus pour avoir un jardin susceptible de nourrir tout Paris en cas de siège). Et le service est lent... très lent. Mais la bière est bonne. Et ça permet de rigoler avec les menus en français. Il faut toujours lire les traductions des menus, c’est un régal. Là, on a eu du mal à comprendre ce qu’était le « hareng vierge de ménage », entre autres aliments divers « de ménage ». Et puis Cryssilda a pu goûter un produit typiquement allemand, un ‘chausson aux pommes’ (qui était en fait ce que jusque là, nous avions toujours appelé un strudel). Cryssilda nous a quitté après le déjeuner. C’est alors que le vrai marathon berlinois a commencé (enfin après une autre très longue pause et un autre tour en bus).
Après Nicolaiviertel et le Rote Rathaus (l'Hôtel de Ville de brique rouge), nous avons erré dans les rues jusqu'au Hackescher Markt, un peu au nord d'Alexanderplatz, où l'on trouve beaucoup de restaurants et de bars et tout près de là, se trouvent les Hackesche Höfe, des cours aux façades de briques vernissées où l'on trouve des boutiques design.
Puis, direction la Fersehturm (Tour de Télévision) pour voir le soleil se coucher sur Berlin. Il est impossible de la rater. On la voit de partout.
Le pluie s'est mise à tomber mais comme nous n'avions toujours pas faim, nous nous sommes contentées d'une gaufre avant de rentrer.
Jour 2:
Le temps était gris et il tombait de la bruine de temps en temps le matin mais au moins, nous n'avons pas souffert de la chaleur. et puis, requinquées par une nuit de sommeil complète et un petit déjeuner allemand (allemand, en langage petit déjeuner, ça veut dire, très très copieux et encore, nous sommes arrivées à l'heure de pointe et n'avons pas eu le courage d'attendre que tout l'étal de nourriture soit regarni donc, nous nous sommes contentées d'un petit déjeuner copieux), nous étions très motivées.
Au programme de la journée:
Le bus 100 passe par Groβer Stern, devant la Siegessäule (Colonne de la Victoire). La montée des marches est une vraie sinécure après St
Paul's quelques jours auparavant. La vue sur la Brandenburger Tor au bout d’une longue avenue est sûrement plus belle par temps ensoleillé:
Ça avait l'air moins brumeux en vrai. Le coton tige, c'est la Fernsehturm et à gauche, on voit le Reichtag et sa coupole.
Un passage par le Tiergarten (un parc immense en plein milieu de la ville), et un arrêt intrigué devant certains monuments un peu spéciaux s'imposent:
Avouez que les soviétiques avaient le sens des couleurs. En rouge et gris, lala la la la... Et encore, avec les tanks qui accueillent le visiteur, c'est encore plus gai.
Nous rejoignons finalement la Porte de Brandebourg, puis le Reichtag.
Là, devant la file d'attente interminable, on sort le plan B et on s'inscrit à la visite guidée en français qui a lieu tous les mardi à 13
heures.
On se dirige donc vers l'Île aux Musées (nommée ainsi par un grand sens de l'à-propos puisqu'il s'agit d'une île sur laquelle se trouvent de nombreux musées). On commence par une visite de la cathédrale baroque, le Berliner Dom et de sa coupole.
Nous avons un petit creux (c'est presque l'heure du goûter) et comme il fait beau, nous décidons d'aller à Hackescher Markt pour prendre un petit repas tranquillement. Ce fut une erreur. Le service est toujours aussi long (il faut dire que c'est de l'industrie lourde la restauration allemande, je n'ai jamais vu de terrasses de cette taille) et nous avons perdu du temps. Mais j'ai au moins pu goûter une spécialité locale, la Berliner Weissbier, tout un programme. Alors là, c'est un peu surprenant au premier abord. Quand on commande une bière et qu'on vous apporte ça...
... eh bien si on n'est pas capable de dire en allemand que, "euh non, là, il doit y avoir une erreur je n'ai
pas commandé un soda, j'ai commandé une bière et personne n'aurait l'idée saugrenue de mettre une paille dans un verre de bière et en plus, une bière, ça ne peut pas être vert, n'est-ce pas?", il
vaut alors mieux se taire, remercier , prendre une grande inspiration et boire courageusement. C'est ce que j'ai fait. Ça n'a pas grand chose à voir avec de la bière mais c'est bon. Et puis j'ai
découvert ce qu'est l'aspérule.
Hélas, cet intermède nous a donc fait perdre du temps
et nous avons visité le splendide Pergamon Museum trop rapidement à notre goût (je dois dire que je n'avais pas prévu qu'il serait d'une telle richesse). La reconstitution du monumental Autel de Pergame ou de la Porte d'Ishtar et la Porte du marché de Milet sont impressionnants et la collection d'objets est
grandiose.
Détail de la Voie de la procession de la Porte d'Ishtar.
Nous avons été chassées pour cause de fermeture. La balade a continué vers la Neue
Synagoge puis le Tacheles, une sorte de galerie d'art à ciel ouvert dans un bâtiment complètement décrépi (considéré comme étant devenu trop commercial
mais bon, tout est relatif parce que les visiteurs étaient nombreux mais les acheteurs nettement moins).
On le sent bien le côté trop couru du Tacheles là? Non? Bon d'accord, ça ne saute pas aux yeux et à l'intérieur c'est pire.
La balade se poursuit sur Friedrichstrasse jusqu'aux Friedrichstadtpassagen, un ensemble d'immeubles qui abritent une galerie commerciale. C'est Jean Nouvel qui a créé les Galeries Lafayettes (au quartier 207) et les quartiers 205 et 206 valent également un rapide coup d'oeil.
Un dernier petit passage par la Porte de Brandebourg nous réserve des surprises:
Ah tiens, un Stormtrooper égaré! Rejoins le côté obscure de la Porte Luke! Pshhh (ce n'est pas plutôt Nicolas Hulot qui fait "pshhh"? Hulot, Darth Vador, je les confond toujours)
Et comme nous n'avons toujours pas faim, nous nous contentons d'une part de tarte au Café Einstein, sur Kurfürstenstrasse. Ils ont de la tarte au citron vert. J'adore le citron vert. J'adore le Café Einstein.
Jour 3:
Cette fois, on se prépare bien. On passe du petit déjeuner copieux au petit-déjeuner gargantuesque pour se passer de déjeuner. Et bonne nouvelle, il fait beau mais pas trop chaud.
Le circuit du jour nous emmène à Gendarmenmarkt. Là, le Französischer Dom et le Deutscher Dom se font face. Entre les deux, au fond de la place, le Konzerthaus est de toute beauté. Dès qu'on voit des marches, on grimpe, donc nous avons grimpé le Französischer Dom.
Le temps de visiter tout ça, et il est l'heure de rejoindre le Reichtag pour la visite guidée. C'est la fouille qui est longue mais c'est beaucoup plus rapide que pour les autres visiteurs et surtout, nous pouvons rentrer dans la salle des députés (ou du moins dans la galerie des visiteurs). Après ça, nous rejoignons la coupole et sa rampe d'accès en colimaçon très pratique.
Là, finalement, il fait chaud.
A côté de la Porte de Brandebourg, l'Holocaust-Mahnmal rend hommage aux juifs
victimes du nazisme.
Nous rejoignons Unter den Linden, une grande avenue (hélas quelques travaux gâchent un peu certains monuments). De là, nous prenons le bus 200 pour rejoindre le KaDeWe, le plus grand magasin d'Europe. Si les premiers étages ressemblent à tous les magasins de luxe d'Europe, l'épicerie est impressionnante (seul Harrods à Londres pourrait tenter de rivaliser). C'est là que nous trouvons le bretzel de nos rêves.
De là, nous reprenons le bus pour rejoindre la Postdamer Platz et continuer notre shopping. Je n'ai pas été particulièrement séduite par l'architecture (d'autant plus qu'un des immeubles était en travaux) mais il y a plein de boutiques et le soir, le Sony Center est particulièrement agréable. Mais les brasseries servent encore des portions gigantesques. Cinq saucisses, c'est bon mais c'est lourd.
Jour 4:
Il fait de plus en plus chaud. C'est terrible. Nous allons nous mettre au frais dans les espaces verts de Schloss Charlottenburg, le château baroque des rois de Prusse. Nous commençons par la très longue visite du château. C'est beau mais le baroque, c'est un peu chargé.
Le parc est magnifique (et frais).
Mo était aussi à Berlin. Nous décidons de nous rencontrer ce jour là mais avant, nous voulons visiter le Jüdisches Museum (le musée juif). En deux heures, on a largement le temps. C'est passionnant (et très bien climatisé, je veux y vivre tous mes étés) mais c'est très long et nous avons rendez-vous et après quatre heures de visite à Charlottenburg et deux heures là, on commence à fatiguer. et ma nièce est du genre à écouter l'audioguide du début à la fin et dans l'ordre et nous sommes en retard. Enfin bref, le vingtième siècle est passé à une vitesse folle.
J'ai donc rencontré Mo pour la première fois (enfin non, la deuxième mais la première j'ai juste eu le temps de la saluer, l'équipe Rochester s'en souvient encore de la Place des Vosges). Mais attention, la rencontre de blogueuses nuit gravement à la visite. Parce que bon, nous nous sommes quittées un peu tard finalement. Mais en germanophile convaincue, elle nous a appris plein de choses passionnantes sur la ville. Ma nièce frime un maximum depuis.
Jour 5:
Le jour fatal. J'avais réussi à éviter les coups de soleil et le dernier jour, j'ai eu droit à de beaux bras façon crevette cuite en plus de la chaleur torride.
Nous avons fuit la ville pour la banlieue, afin de visiter le château de
Sans-souci, à Potsdam. Le château et le parc sont immenses et la visite est très longue (nous sommes restées une bonne demi-journée et n'avons eu
le temps de visiter que ce château, visite pourtant rapide et le Nouveau Palais est encore plus grand) mais ça vaut le coup., la promenade est très plaisante. Le château est de style rococo. Les
perroquets et les cigognes qui sortent des murs de la chambre jaune, c'est spécial.
Le Pavillon Chinois: finalement, le baroque, c'est très sobre (dans l'album, vous pourrez voir les dorures en détail).
Nous avons préféré quitter Potsdam avant d'avoir tout vu parce que les temps d'attente étaient longs et qu'il faisait très chaud dans le parc. De retour à Berlin, nous avons perdu du temps, à la recherche d'un drapeau allemand. Il y a des filles qui vont partager une chambre d’internat qui vont avoir une belle surprise à la rentrée, le drapeau allemand géant, ça vous fignole une déco.
J'avais très envie de visiter un musée de peinture.
J'ai choisi l'Alte Nationalgalerie mais comme Mo nous avait conseillé le musée égyptien, l'Altes Museum, nous avons donc fait un arrêt là d'abord. Le célèbre buste de Nefertiti est là,
mais le reste des antiquités égyptiennes, nous les avons cherchées un moment. Renseignements pris, elles sont emballées pour changer de musée.
Après le sauvetage d'un téléphone portable de la noyade dans un sac (aux dernières nouvelles, il s'est remis de ses émotions), nous avons visité l'Altes Nationalgalerie. Les toiles impressionnistes pour lesquelles j'y allais ne sont pas inoubliables mais il y a de beaux Caspar David Friedrich.
Nous avons ensuite tenté une deuxième spécialité locale, la Currywurst (saucisse au curry). C'est très bon. Ensuite, nous avons rejoint la East Side Gallery où l'on peut voir un long morceau du Mur de Berlin, décoré dans les années 90 par divers artistes. La plus célèbre de ces fresques, c'est certainement le baiser de Brejnev et Honecker.
J'aime beaucoup ce symbole, une Trabant traversant le Mur:
Pour finir ce séjour, nous avons visité notre dernier lieu historique, Checkpoint Charlie.
Et pour finir,
quelques surprises berlinoises:
Un ours rencontré au coin d'une rue (et il y en a beaucoup à Berlin):
Les feux pour piétons sont différents à l'est et à l'ouest de la ville. Ceux-ci sont ceux de l'Est. Sauf que parfois, on en rencontre à l'Ouest, vers Tiergarten, notamment. Même les Ampelmenschen ont parfois préféré fuir à l'Ouest.
Pour voir plus de photos, c'est là.
Merci à Cléanthe pour le temps qu'il a consacré à me donner quelques conseils. Et merci à Mo pour avoir fait la même chose avec
Cryssilda qui m'a transmis les bons plans.