Roméo et Juliette - Shakespeare
Publié le 11 Mars 2009
Roméo et Juliette
De William Shakespeare
Titre original: Romeo and Juliet
Première parution: vers 1590
Edition GF – Flammarion, bilingue
275 pages
Quatrième de couverture : Deux anciennes Maisons d'égale dignité
Dans la belle Vérone où se tient notre scène
Font un nouvel éclat de leur antique hargne,
Le sang civil salit les mains des citoyens.
Or dans le sein fatal de ces deux ennemis
Deux amants prennent vie sous la mauvaise étoile ;
Leur malheureux écroulement très pitoyable
Enterre en leur tombeau la haine des parents.
Les terribles moments de leur amour mortel
Et l'obstination des rages familiales
Que rien sinon la mort des deux enfants n'apaisera,
Pendant deux heures nous le jouerons sur ce théâtre ;
Et si vous nous prêtez une patiente oreille,
Tout défaut, notre zèle le rachètera.
Femme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? J’aurais pourtant dû faire confiance à mon amour pour Shakespeare. J’aurais dû savoir que le grand Will ne pouvait pas me décevoir. Dans mon panthéon personnel, Shakespeare est au même rang que Dickens, Austen et Wilde. Et pourtant, je n’avais jamais lu Roméo et Juliette (et j’avais toujours refusé de voir des adaptations). Parce que j’avoue que l’amour passionné ne provoque au mieux, chez moi, qu’une grosse envie de rire. Alors à plus forte raison quand deux adolescents qui se connaissent depuis deux jours se jurent fidélité jusqu’à la mort et qu’ils la précipitent ensuite, je sais que ce n’est pas pour moi. Surtout que sans l’avoir jamais lu, j’avais le sentiment de connaître l’histoire par cœur.
Alors soit, dans Roméo et Juliette, cet aspect est présent et j’avoue que ce n’est pas l’aspect qui m’a le plus emballé. En deux jours (ou trois ?), les amants se rencontrent, se déclarent, se marient et meurent. C’est un peu trop pour moi. Mais ce n’est pas le seul aspect de la pièce. Car cette pièce, c’est aussi l’histoire d’un gâchis. Parce que Roméo et Juliette sont les victimes de querelles familiales absurdes. Et c’est suffisamment développé pour que l’histoire des amants ne vampirise pas toute la pièce. Et puis il y a des personnages dont le bon sens tempère ces moments passionnés au moyen de quelques passages merveilleusement écrits.
Car comme toujours chez Shakespeare, il y a l’utilisation magnifique de la langue. Cela demande un effort car évidemment beaucoup d’images sont désuètes mais quel plaisir au bout du compte ! J’avais d’ailleurs déjà remarqué que Shakespeare utilisait beaucoup de jeux de mots salaces mais là, c’est vraiment très flagrant.
Et bien sûr, Shakespeare ne serait pas Shakespeare s’il n’ajoutait pas quelques moments de comédie même dans une tragédie telle que celle-ci. Le pitre Mercutio et la nourrice de Juliette apportent des moments de rire très agréables.
Même si Roméo et Juliette ne sera pas ma pièce préférée à cause de son thème, j’aime tellement l’écriture de Shakespeare que j’ai pris un grand plaisir à le lire.
« 'Tis but thy name that is my enemy.
Thou art thyself, though not a Montague.
What's Montague? it is nor hand, nor foot,
Nor arm, nor face, nor any other part
Belonging to a man. O, be some other name!
What's in a name? That which we call a rose
By any other name would smell as sweet.
So Romeo would, were he not Romeo call'd,
Retain that dear perfection which he owes
Without that title. Romeo, doff thy name;
And for that name, which is no part of thee,
Take all myself. »
« some grief shows much of love,
but much of grief shows still some want of wit. »