L'angoisse du roi Salomon - Gary
Publié le 26 Février 2009
L’angoisse du roi Salomon
De Romain Gary (Emile Ajar)
Première parution: 1979
Edition Folio
349 pages
Salomon Rubinstein, 84 ans, ancien roi du prêt-à-porter, lutte contre l’angoisse de la mort, qu’il refuse. Pour calmer celle des autres, il emploie des jeunes gens qui répondent aux appels désespérés.
Montant dans un taxi, il se prend d’amitié pour le chauffeur, Jean. Il l’engage à son service.
Quatrième de couverture : - Je vous préviens que ça ne se passera pas comme ça. Il est exact que je viens d'avoir quatre-vingt-cinq ans. Mais de là à me croire nul et non avenu, il y a un pas que je ne vous permets pas de franchir. Il y a une chose que je tiens à vous dire. Je tiens à vous dire, mes jeunes amis, que je n'ai pas échappé aux nazis pendant quatre ans, à la Gestapo, à la déportation, aux rafles pour le Vél' d'Hiv', aux chambres à gaz et à l'extermination pour me laisser faire par une quelconque mort dite naturelle de troisième ordre, sous de miteux prétextes physiologiques. Les meilleurs ne sont pas parvenus à m'avoir, alors vous pensez qu'on ne m'aura pas par la routine. Je n'ai pas échappé à l'holocauste pour rien, mes petits amis. J'ai l'intention de vivre vieux, qu'on se le tienne pour dit!
« L’angoisse du roi Salomon » et moi, cela aurait pu être une rencontre ratée. Les récits à la première personne me gênent parfois (je me sens paradoxalement complètement rejetée du récit quand on essaie de m’obliger à me mettre dans la peau d’un personnage). Et quand on est habitué à une écriture classique, le langage familier du narrateur est perturbant. Pourtant, il ne m’a fallu qu'une vingtaine de pages pour accepter le style, tant c’est justifié et au service de la qualité du roman. C’est un vrai plaisir que de suivre les aventures presque burlesques de Jean, le jeune narrateur dont la propension à vouloir faire le bien à tout prix (même en encourageant la bêtise humaine, rien que pour faire plaisir) est du plus haut comique car bien sûr, cela va le mettre dans des situations très embarrassantes. Les personnages qui gravitent autour de Jean sont tous très bien cernés, M. Salomon en tête, en vieil homme qui a toujours le regard tourné vers l’avenir. Gary truffe son livre d’aphorismes et de trouvailles de langage formidables.
Tout cela fait de ce roman une œuvre drôle, émouvante souvent, lucide mais optimiste sur l’amour et la condition humaine. Même si ce style ne m'a pas tout à fait permis de l'apprécier complètement à sa juste valeur, je l'ai aimé.
Un beau moment de lecture. Je tenterai avec plaisir un autre roman de Romain Gary.
Maillon n°1 :
choix de Yueyin
Le livre va continuer sa route en rejoignant Levraoueg.