Miss Auten regrets
Publié le 20 Février 2009
Miss Austen regrets
G.B. - 85 min
Réalisé par Jeremy Lovering, scénario de Gwyneth Hughes
Avec Olivia Williams (Jane Austen), Greta Scacchi (Cassandra Austen), Imogen Poots (Fanny Knight), Phyllida Law (Mrs. Austen), Samuel Roukin (Harris Bigg)
Alors que Jane Austen approche la quarantaine, son succès comme auteur est assuré et ses comédies fines et pleines d’esprit sont très admirées. Pour sa nièce, Fanny Knight – une jeune et belle jeune femme qui attend désespérément de tomber amoureuse – Jane est la tante préférée qui la conseille dans sa recherche d’un mariage heureux.
Pourtant, lorsque Fanny lui demande de l’aide à approuver de futurs époux potentiels, l’assurance habituelle de Jane est menacée.
Elle se retourne sur ses propres choix et ses opportunités ratées. A-t-elle fait les bons choix, pour elle et sa famille ?
En anglais seulement (avec l’option sous-titrage en anglais)
Cette production de la BBC et moi, nous sommes parties sur de mauvaises bases. D’abord, j’ai eu peur que l’on ne retombe sur le même et éternel romantisme plus ou moins sirupeux qui semble inexorablement entourer tout ce qui tourne autour de Jane Austen. J’avais été un peu déçue par le film Becoming Jane, sorti un peu avant la diffusion de ce téléfilm. C’est pour ça que j’ai mis beaucoup de temps à regarder Miss Austen regrets.
J’ai eu des difficultés à passer le premier quart d’heure (j’ai dû m’y reprendre à deux fois). D’abord, les films tournés caméra à l’épaule me donnent en général des envies de sévices contre les réalisateurs, surtout à la télé où l’image et les éclairages sont déjà souvent de moins bonne qualité qu’au cinéma. Là, heureusement, j’ai pu m’y habituer parce que le réalisateur n’en abuse pas. Mon gros problème avec ce début tient au comportement de Jane et à l’image qu’il en donne. Elle répond aux remarques avec une agressivité qui peut passer pour de l’aigreur. Hors, les piques de Jane Austen sont d’autant plus efficaces si elles sont prononcées avec détachement (c’est le principe même de l’humour anglais après tout). Là, j’ai eu très peur du couplet habituel des mièvreries romanesques : une femme célibataire et sans enfants est forcément malheureuse et aigrie.
Heureusement, le talent de ce téléfilm est de dépasser cela et d’être beaucoup plus subtil. On voit vite que c’est le harcèlement des autres qui est pénible, le fait qu’on résume sa vie à cela alors qu’elle a bien d’autres préoccupations. Et on voit aussi une Jane Austen amusante, qui a de la répartie, un grand goût pour l’amusement (la danse notamment…), loin des vieilles filles sévères fantasmées.
En outre, Miss Austen regrets ne s’arrête pas à la comédie romantique. On y voit bien Jane et sa nièce s’interrogeant sur l’amour et le mariage, et ce, de façon assez subtile et jamais mièvre mais en plus, ces interrogations sont rattachées à l’un des autres thèmes chers à l’auteur, l’argent. Austen se pose des questions sur sa vie et ses choix aussi pour des raisons financières. Elle se préoccupe de la publication de ses œuvres car c’est vital pour elle et le bien-être de sa mère et sa sœur qui dépendent d’elle. C’est formidablement bien montré.
Et puis, il y a une partie de comédie très réjouissante, notamment une scène très amusante chez le prince régent. Et comme le téléfilm s’inspire beaucoup de la correspondance et des œuvres d’Austen, les répliques font mouche.
Bref, le scénario est bon et est desservi par des acteurs tous excellents, Olivia Williams en tête et les dialogues sont réjouissants. Miss Austen regrets est donc, après un début un peu laborieux, une bonne surprise.
Un dialogue qui me semble bien résumer l’œuvre d’Austen :
« Fanny : - There, you just admitted it, love is the most important thing.
Jane : - But not the only important thing.
Fanny : - There’s money and position and family.
Jane : - And friendship and passion and shared purpose. »