Génération MLF, 1968-2008
Publié le 18 Février 2009
Génération MLF, 1968-2008
De Antoinette Fouque
Première parution: 2008
Edition Des Femmes
615 pages
Quatrième de couverture : Elles avaient 16 ans, 20 ans ou 33 ans en 1968. Venues de tous milieux, de tous horizons, de divers pays, elles ont créé ou rejoint le MLF. Ce mouvement a profondément transformé leur vie et celle de millions de femmes et d’hommes et engendré une mutation de notre civilisation.
Aujourd’hui une cinquantaine d’entre elles se souviennent, témoignent et, toujours en mouvements, imaginent les libérations à venir, affirment que, présentes au monde désormais, les femmes sont la force émergente du XXIe siècle.
Les témoignages sont accompagnés ici de documents d’époque –textes et photos – et d’une chronologie inédite, de la naissance du MLF, en octobre 1968, à nos jours.
Génération MLF est un document qui comporte trois parties : Une première regroupe des chronologies et des témoignages, une deuxième des photos, et la troisième et dernière, des documents d’époque.
Je n’ai pas compris à qui s’adresse ce livre. Dès le premier témoignage, celui d’une des fondatrices du MLF, il y a trop de psychanalyse (la créatrice du mouvement a créé un groupe « Psychanalyse et politique ») et je n’ai pas fait psychanalyse deuxième langue alors les discours (quand je les ai compris) me sont passés au dessus. Même si ça s’explique par une réaction à la lecture psychanalytique des femmes dominante à l’époque de la création du mouvement, les tenants n’acceptent pas des protocoles de validation scientifiques, donc pour moi, ça ne présente pas d’intérêt.
Ensuite, et là c’est plus grave, je me suis à peine sentie concernée par ces témoignages trop superficiels. Dès qu’un petit élément m’intéressait, ce n’était jamais développé et on passait à autre chose. Il est toujours fait référence à des attaques de féministes contre le MLF mais ce n’est pas développé (pourquoi ? Comment se manifestent-elles ? ... rien n’est clair). Les femmes qui témoignent répètent toujours que pour la première fois elles pouvaient parler librement mais ça ne va pas plus dans le détail. J’ai eu l’impression d’un album de famille fait par et pour les femmes qui militent et pas pour le grand public qui a envie de découvrir ce mouvement. Même les photos donnent souvent cette impression, à part quelques unes qui montrent les slogans de manifestations. Elles font en partie trop photo de famille : réunions des membres, photo avec Angela Davies, soit, mais et alors quoi ? Qu’est-ce que c’est censé dire ou montrer ?
Il y a tout de même au fil d’un témoignage par-ci par-là, un rappel salutaire que la « libération sexuelle » de 1968 était surtout pour les hommes dans le fond, parce que il y avait une quasi obligation sexuelle (pour utiliser un raccourci, c’était « si tu ne couches pas, tu es contre la révolte de 68 ») pour les filles qui n’était pas toujours libératrice pour elles. C’était à sens unique. Sans parler du fait que dans les AG étudiantes qui ont mené les mouvements de mai 68, les femmes étaient systématiquement « remises à leur place » quand elles essayaient de prendre la parole.
La partie la plus intéressante (et encore pas toujours, encore une fois, la majorité des documents se regarde un peu trop le nombril) est la partie documents. Le plus saisissant est l’appel à une manifestation devant un palais de justice en 1977 lors du procès d’un mari ayant tué sa femme. Le procès a tourné au procès de la victime et on a trouvé des circonstances atténuantes au « malheureux » mari meurtrier. Imaginez : c’était un artisan et elle… une enseignante (c’est-à-dire une intellectuelle castratrice) qui avait connu un autre homme avant le mariage (une femme perdue donc). C’est ce genre de documents que j’aimerais pouvoir montrer aux adolescent(e)s de mon entourage pour leur faire comprendre l’histoire des femmes. Hélas, ce n’est pas avec cet ouvrage que je le pourrai.
C’est un livre bien trop laborieux même pour qui s’intéresse à ça. Je vais retourner à mon histoire des femmes en 5 volumes, de Michèle Perrot, émanation du travail de fond du MLF, bien plus intéressant.
J’ai quand même aimé ce slogan d’une manifestation du 1er mai 1980 à Marseille : « Vive l’indépendance économique, politique et érotique des femmes. »