Un Chant de Noël - Dickens
Publié le 28 Décembre 2008
Christmas Carol
De Charles
Dickens
Première parution:
1843
Edition Everyman's Library
Illustrée par Arthur Rackham
155 pages
Au cours de la nuit précédant Noël, Ebenezer Scrooge, un vieil homme acariâtre et avare reçoit la visite du fantôme de son associé défunt Jacob Marley venu lui annoncer la visite de trois
fantômes. Et en effet, Scrooge reçoit la visite successive des trois fantômes incarnant Noël passé, présent, et futur.
Le chant de Noël est un conte moral. C'est de peur de la mort qu'il est
question ici. Que va laisser Scrooge en ce monde ? En se rappelant le Scrooge qu'il a été autrefois, et ce qu'il est au moment où les esprits lui parlent, il finit par prendre conscience de
ce qui l'attend. On suit le cheminement de Scrooge avec délectation. Dickens utilise ses ficelles habituelles, une pincée de pathétique avec Tiny Tim et beaucoup d'humour. L'ensemble est très
agréable à lire. Les cinq parties de l'histoire montrent un aspect de Scrooge et le contraste entre ce personnage froid et sombre et l'esprit de Noël (la vision de Noël est assez moderne
d'ailleurs, avec une ambiance plus festive que religieuse) qui règne auteur de lui est saisissant. Ce n'est pas mon Dickens préféré mais je retrouve toujours le même plaisir dans l'écriture et le
côté emphatique assumé de Dickens. Une relecture plaisante.
J'ai commencé à lire en parallèle une version française, celle de Gallimard Jeunesse, merveilleusement illustrée par Roberto Innocenti (pour moi le meilleur illustrateur de classiques jeunesse actuel) et une version anglaise illustrée par
Arthur Rackham (que j'adore) mais je me suis rapidement concentrée sur la version anglaise. J'ai toujours une pensée émue pour le malheureux traducteur qui doit s'attaquer à Dickens. C'est un
auteur qui aime jouer avec la langue anglaise et qui se fait un malin plaisir à prendre des expressions dans leur sens littéral. Or ici, le premier paragraphe s'appuie sur une locution
typiquement anglaise : « as dead as a doornail » (littéralement « mort comme un clou de porte ») qui signifie « mort et bien mort ». Donc, à partir d'une idée très
réussie en anglais, la traduction s'étend sur quelque chose qui n'a pas de sens particulier en français.
Voici le passage en anglais :
« MARLEY was dead: to begin with. There is no doubt whatever about that. The register of his burial was signed by the clergyman, the clerk, the undertaker, and the chief mourner. Scrooge signed it: and Scrooge's name was good upon 'Change, for anything he chose to put his hand to. Old Marley was as dead as a door-nail. Mind! I don't mean to say that I know, of my own knowledge, what there is particularly dead about a door-nail. I might have been inclined, myself, to regard a coffin-nail as the deadest piece of ironmongery in the trade. But the wisdom of our ancestors is in the simile; and my unhallowed hands shall not disturb it, or the Country's done for. You will therefore permit me to repeat, emphatically, that Marley was as dead as a door-nail. »
Et sa traduction française :
« Il faut dire, avant tout, que Marley était mort. Là-dessus, pas de doute possible. Le registre mortuaire avait été signé par le pasteur, son clerc, l'entrepreneur des pompes funèbres et le principal deuilleur. Scrooge l'avait signé. Et le nom de Scrooge était une garantie en bourse, quel que fût le papier qu'il lui plaisait d'endosser.
Le vieux Marley était aussi mort qu'un clou de porte. Attention! je ne veux pas insinuer par-là que je sache, d'après ma propre expérience, ce qu'il y a de particulièrement mort dans un clou de porte. J'aurais été tenté, quant à moi, de considérer un clou de cercueil comme le morceau de ferraille le plus mort qui soit sur le marché. Mais la sagesse de nos ancêtres réside en cette image et mes mains profanes n'iront pas l'y troubler, ou c'en est fait de ce pays. Permettez-moi donc de répéter, avec emphase, que Marley était aussi mort qu'un clou de porte. »
Je conseille quand même les deux versions pour leurs illustrations (même si celle de Gallimard Jeunesse n'est plus éditée, on peut la
trouver d'occasion).
Un Chant de Noël
Edition Gallimard
Parution 1990, illustrée par Roberto Innocenti
152 pages
"A merry Christmas, uncle! God save you!" cried a cheerful voice. It was the voice of Scrooge's nephew, who came upon him so quickly that this was the first intimation he had of his approach.
"Bah!" said Scrooge, "Humbug!"
He had so heated himself with rapid walking in the fog and frost, this nephew of Scrooge's, that he was all in a glow; his face was ruddy and handsome; his eyes sparkled, and his breath smoked again.
"Christmas a humbug, uncle!" said Scrooge's nephew. "You don't mean that, I am sure?"
"I do," said Scrooge. "Merry Christmas! What right have you to be merry? What reason have you to be merry? You're poor enough."
"Come, then," returned the nephew gaily. "What right have you to be dismal? What reason have you to be morose?
You're rich enough."