La Dame en blanc - Collins
Publié le 24 Novembre 2008
La Dame en blanc
De Wilkie Collins
Titre original: The woman in white
Première parution:
Edition Phébus Libretto
554 pages
Walter Hartright, professeur de dessin est engagé par Mr Fairlie pour donner des cours à sa pupille et nièce, la belle Lucy. Avant de quitter Londres, Walter rencontre une mystérieuse femme vêtue de blanc et qui se comporte de façon très étrange. Il comprend rapidement que cette femme est liée à la famille Fairlie et qu’il y a un mystère autour de Sir Percival, qui tourne autour de la famille.
Quatrième de couverture : Les Français avaient oublié ce roman, ancêtre de tous les thrillers, qui fascinait Borges et rendit jaloux Dickens (roman publié ici pour la première fois en version intégrale). Il nous révèle une sorte de " Hitchcock de la littérature " : suspens, pièges diaboliquement retors, terreurs intimes, secrètes inconvenances - rien n'y manque. Pourtant le chef-d'oeuvre de Collins n'a jamais cessé d'être dans les pays anglo-saxons un succès populaire : l'un des plus sûrs moyens, en tout cas, d'empêcher l'innocent lecteur de dormir.
Différents narrateurs se succèdent pour raconter les événements qui entourent la jeune et belle Lucy Fairlie. Chacun s’exprime en fonction de son caractère et certains passages sont assez amusants à suivre parce que ces portraits subjectifs se répondent. Lucy Fairlie et la Dame en blanc sont les personnages centraux du roman mais ne sont vues qu’à travers le regard des autres et sont assez passives. C’est la demi sœur de Lucy, Marian Halcombe, une héroïne intelligente, dynamique et active qui travaille à la sauver, de même que Walter Hartright, le professeur de dessin.
Sur le fond, les événements se succèdent dans un véritable labyrinthe de tenants et d’aboutissants. Qui est la dame en blanc? Quel est son lien avec Sir Percival? Quel est le rôle exact de son acolyte le comte Fosco? Il y a beaucoup de rebondissements. On peut prévoir la fin assez facilement mais l’intérêt du suspense tourne plutôt sur le fait de savoir comment les personnages vont s’en sortir. C’est une lecture très prenante, malgré le sens du détail très développé de l’auteur qui peut parfois ralentir l’action sur des dizaines de pages. Mais en règle générale, le récit est vif et haletant et se dévore.
En plus du roman à suspens particulièrement efficace, Collins manie l’humour pour se moquer de certains aspects de la société victorienne, de l’étroitesse d’esprit, des conditions de mariage. Lucy est sacrifiée sur l’autel de la tranquillité d’esprit du médiocre Mr Fairlie et n’a aucun moyen de se défendre parce qu’il n’a pas jugé bon de protéger ses intérêts.
J’avais eu une première rencontre très décevante il y a quelques années avec Le journal d’Anne Rodway, un recueil de nouvelles. Ici, je suis beaucoup plus convaincue grâce à cet excellent divertissement où perce souvent l’ironie, au point que je lirai certainement d’autres romans de Collins.
Mr Fairlie dans toute sa splendeur:
« Il n’y a, grâce à Dieu, pas d’enfants dans la maison, mais les domestiques, qui sont nés sans nerfs, sont capables d’en ramener du village. Quels affreux marmots ! Mon Dieu, monsieur Hartright, dois-je vous l’avouer, je désire fortement une réforme dans la constitution des enfants. La seule pensée de la nature semble avoir été d’en faire des machines à produire du bruit. La conception de notre délicieux Raphaël est autrement préférable.
Ce disant, il montrait les chérubins de l’école italienne, la tête appuyée sur les nuages.
- Une famille modèle ! continua-t-il. Des visages délicieusement potelés, entourés de jolies ailes et rien d’autre. Pas de sales petites jambes qui courent et pas de poumons qui crient. Quelle constitution supérieure à celle d’aujourd’hui ! »