Under World (Dalziel and Pascoe 10) - Hill
Publié le 23 Octobre 2008
Under World
De Reginald Hill
Première parution: 1988
Edition HarperCollins
424 pages
Lorsque la petite Tracey Pedley a disparu dans les bois de Burrthorpe, les membres de cette communauté fermée des mineurs du coin avaient leur avis sur ce qui s’était passé mais la police a conclu à la culpabilité d’un tueur d’enfant qui s’est suicidé. On s’interroge pourtant sur le rôle du dernier homme à l’avoir vue et sur sa chute fatale dans un puit de mine abandonné. Son fils, Colin, est de retour et est prêt à en découdre.
Un meurtre dans les mines va obliger Dalziel à enquêter dans cette communauté hostile à la police après une grève très dure.
Reginald Hill est mon auteur de romans policiers contemporains préféré et pas seulement parce qu’il est fan de Jane Austen, dont il utilise l’œuvre dans certains de ses romans. Il est l’auteur d’une série dont les premiers tomes datent des années 70 et qui mettent en scène Andy Dalziel, un vieux policier grossier et son jeune subordonné éduqué Peter Pascoe. Cette série a été adaptée pour la télévision et est connue en France sous le titre « Inspecteurs associés » (Dalziel and Pascoe en V.O.). En plus des bonnes intrigues et de l’écriture excellente de la série, j’aime les personnages. Dalziel est assez original dans le genre. Il n’est pas du genre à traîner son mal-être et ses questionnements sur la vie, l’univers et le reste comme la plupart des héros policiers. Il n’est pas du genre à se demander pourquoi sa femme est partie (il aurait d’ailleurs été plus surprenant qu’une femme puisse rester avec lui). Il est odieux, il passe son temps à gratter certaines parties de son anatomie en public, il engueule tout le monde en jurant comme un charretier, bref c’est un gros con vulgaire et il fonce dans le tas mais c’est un bon vivant. Et on finit par s’attacher à lui parce que c’est un type réglo et loyal qui a parfois des élans de sensibilité inattendus. En fait, il se fait un malin plaisir à ne jamais agir comme les gens s’y attendent. Son subordonné Pascoe est un nouveau type de policier. Il a fait des études, il est moins corporatiste que la plupart des policiers, il fait confiance aux méthodes modernes. Bref, c'est un objet de moquerie constant pour son supérieur.
La série a d’autres personnages récurrents, le sergent Wield, policier imperturbable et Ellie Pascoe, gauchiste, féministe, toujours prête à fustiger les brutalités policières mais aussi femme de Peter. Les joutes verbales entre elle et Dalziel sont toujours savoureuses même si, elle le reconnaît elle-même, gagner contre lui, c’est comme vouloir « tuer un grizzli en le chatouillant ». La série met aussi en scène le Yorkshire, région industrielle et ses communautés. Le premier de la série, « Une femme trop sociable » (publié au Masque) se passait dans un club de rugby, le deuxième, « Leçons de meurtre », dans une université. J’ai lu tous ceux qui ont été traduits en poche et je me suis arrêtée faute de combattants.
Je reprends ma lecture après quelques années avec la suite en anglais, « Under World », le dixième de la série, qui se passe dans un village de mineurs dans les années 80. Il est un peu long à démarrer. On y découvre une histoire complexe où sont mêlés disparition d’enfant, conflits sociaux, ambitions politiques et journalistiques. Le début se concentre surtout sur Colin Farr, un mineur qui suit des cours universitaires avec Ellie Pascoe et l’enquête d’un journaliste sur une ancienne affaire à laquelle était mêlé le père de Colin. En plus, les tensions sociales sont beaucoup mises en avant. Un policier résume les relations entre la police et la population locale : « -You’re not really expecting trouble, are you ? said Pascoe.
The man shrugged.
- You weren’t here during the Strike, sir. Ever see that film, Zulu ? Well, that’s what it were like in here that night we had the bother. Except that in the film the redcoats stood their ground. We had more sense. We ran ! Since that night, I’ve been ready for anything. A mob’s like a dog. Once it’s bitten, it can always do it again. »
C’est, malgré ce démarrage un peu long, un bon cru qui se dévore (même si j’ai dû
m’habituer au parler populaire du Yorkshire et des mineurs en anglais), l'intrigue se tient parfaitement et Dalziel est égal à lui-même.
J’encourage tout le monde à découvrir cet auteur qui a obtenu de nombreux prix, même s’il est difficile à trouver en France aujourd’hui.