Titus d'Enfer - Peake
Publié le 1 Octobre 2008
Titus d’Enfer
La Trilogie de Gormenghast tome 1
De Mervyn Peake
Titre original: Titus Groan
Première parution: 1946
Edition Phébus Libretto
502 pages
Le gigantesque château de Gormenghast est la propriété des comtes d’Enfer. Il y a là, le mélancolique Lord Tombal, 76ème comte d'Enfer, son épouse Gertrude qui ne s’intéresse qu’à ses oiseaux et à ses chats, sa fille Fuchsia, jeune fille de 15 ans, solitaire et sauvage, son fils Titus, le 77ème comte qui vient au monde au début de l’histoire, Cora et Clarisse, les sœurs jumelles de Lord Tombal. Les serviteurs sont tout aussi étranges que les maîtres du château. Cette famille est soumise aux rituels ancestraux, sauvegardés par Grisamer le maître des cérémonies. Finelame, un jeune et ambitieux marmiton de 17 ans s’échappe des cuisines et grâce à sa ruse, réussit à s'introduire dans l'entourage du comte. Il va tout faire pour devenir indispensable…
Quatrième de couverture : Premier roman de la célèbre " Trilogie de Gormenghast ", où Mervy Peake (1911-1968) invente un univers de fiction aussi étrange, aussi inquiétant que celui de Tolkien - une large dose d'humour féroce en plus... Une vaste métaphore de l'humaine condition, picaresque et irrévérencieuse à souhait, qui fit se récrier d'aise Grahame Greene... et comparer Peake à Rabelais, Swift, Powys - rien de moins.
Comment trouver les mots pour exprimer ce que j’ai ressenti en lisant ce roman fantastique ? J’en suis incapable, je ne peux que dire que j’ai beaucoup aimé, ce qui n’est pas, j’en conviens volontiers, un argument très valable ou particulièrement intéressant. Pourquoi j’ai aimé ? Parce que…
Titus d’Enfer ne pouvait être écrit que par un anglais. Cette folie, ce côté
« over-the-top » (la bataille épique entre Lenflure, le gros cuisinier, et Craclosse, le serviteur squelettique est un grand moment) se situent dans la tradition britannique et parfois,
les personnages m’ont eu l’air tout droit sortis de l’univers de Dickens. En effet, il faut peu de mots à l’auteur pour arriver à décrire un personnage, au-delà de son physique, par son attitude,
sa façon de parler… C’est parfois délirant mais si délicieux, fascinant même. Il faut être capable de se laisser glisser dans cet autre monde, à la fois irréel (l’ordre de grandeur est chamboulé
avec ce château gigantesque qui semble vivant, qui est le personnage principal de cette histoire) et tellement ancré dans le réel (les personnages sont si humains). Parce que en fin de compte,
c’est bien de l’humain que parle ce roman, à travers une galerie de personnages archétypaux : Tombal, le 76è comte d’Enfer, mélancolique se raccrochant à des rituels immémoriaux dont la
signification est perdue, Gertrude, sa femme, insensible à tout sauf à ses oiseaux et ses chats, leur fille Fuschia, solitaire qui se réfugie dans un vieux grenier, le docteur Salprune, sa sœur
Irma (tellement « lady ») et tous les autres. C’est un monde clos, qui ne s’ouvre au monde qu’en de rares occasions. Et même à l’intérieur du château, seuls les cérémonials poussent les
gens à se réunir. Tous vivent assez isolés finalement.
Il ne faudrait pas croire pour autant que ce roman soit difficile d’accès, hermétique ou ennuyeux. Ce n’est pas le cas du tout. Au
contraire, le roman parvient même à nous faire ressentir l'ennui des personnages sans que cela ne le soit pour le lecteur. L’écriture en est belle et semble couler de source. Le fantastique et
l’outrance sont assez légers finalement, même s’ils sont marquants et l’humour est bien présent. Mais surtout, l’intrigue, quoique simple, est tout à fait passionnante à suivre. Le machiavélique
Finelame parviendra-t-il à atteindre son but? La fin laisse en suspens certains aspects de l’histoire qui se poursuivra dans « Gormenghast ».
J’ai l’impression de ne pas posséder l’art de pouvoir exprimer toute la fascination que ce roman a exercée sur moi. Il faut le lire pour comprendre.
La Trilogie de Gormenghast:
1. Titus d'Enfer
2. Gormenghast
3. Titus errant