Le Moine - Lewis
Publié le 6 Septembre 2008
Le moine
De Matthew Gregory Lewis
Titre original : The monk
Première parution : 1796
Edition Corti
378 pages
En Espagne, Ambrosio, moine très pieux et adoré par les fidèles va découvrir l’attrait de la chair. Antonia, une jeune fille sans appuis ni fortune va vite devenir l’objet de son désir.
Quatrième de couverture : On le nomme "Monk" Lewis, tant cet écrivain a été marqué par sa créature scandaleuse. Le livre fut d'abord interdit par la censure et Lewis obligé d'en réviser l'édition. Il n'a que vingt ans lorsqu'il écrit Le Moine et confronte le lecteur avec l'Invisible d'une manière directe et brutale. Le Surnaturel y fait sauvagement irruption et s'impose ; d'où la réticence d'un Coleridge, déconseillant aux parents de mettre un tel livre dans les mains de leurs enfants.
Il connaissait bien la littérature allemande et traduisit plusieurs grands auteurs, tel Schiller. Il adaptera avec succès un roman de Zschokke, Le Bandit de Venise. Il hérita d'une fortune importante à la mort de son père et, avec effroi, en découvrit les sources, dans les Indes Occidentales. Il mourut de fièvre jaune à son retour d'un second voyage, laissant un passionnant Journal qui dénonce le scandale des pratiques coloniales dont nul alors ne se souciait. Comme la plupart des auteurs "gothiques", Monk Lewis ne fut jamais en odeur de sainteté auprès des critiques et il fallut attendre des auteurs comme Artaud ou Breton pour que certains considèrent enfin Le Moine avec sérieux.
"Le souffle du merveilleux l'anime tout entier (...). J'entends que ce livre n'exalte du commencement à la fin, et le plus purement du monde, que ce qui de l'esprit arrive à quitter le sol et que, dépouillé d'une partie insignifiante de son affabulation romanesque, à la mode du temps, il constitue un modèle de justesse et d'innocente grandeur".
Après Les mystères d’Udolphe, voici mon deuxième pilier de la littérature gothique. Des points communs se dessinent: des brigands, des revenants, des cryptes mystérieuses, et dérobées mais surtout, des héroïnes pures et innocentes qui semblent accumuler sur elles tous les malheurs du monde en peu de temps. Mais là où le premier prête plus à sourire aujourd’hui, avec Le Moine, on passe assez vite du sourire au frisson. Certains passages provoquent un dégoût et une horreur morbide que ne renierait pas Stephen King. Certes, un amoureux du style y verrait certainement des maladresses dans la construction de l’œuvre, une façon abrupte de passer au récit à la première personne, récit en outre très long qui fait presque oublier le personnage central… Pourtant, on a à peine le temps de remarquer ces très légers défauts qu’on est happé par la vivacité du récit et qu’on les oublie vite. Les personnages du moine lubrique Ambrosio et la progression du rôle de Mathilde sont formidablement construits.
Dans cette œuvre, la sexualité n’est pas que suggérée, elle est explicite. Le surnaturel est très présent sous la forme de fantômes, démons et incantations magiques. C’est saisissant. Un livre puissant à découvrir.