Le Père Goriot - Balzac
Publié le 6 Juillet 2008
Le Père Goriot
De Honoré de Balzac
Edition GF Flammarion
374 pages
Quatrième de couverture : « Un brave homme – pension bourgeoise, 600 francs de rente – s’étant dépouillé pour ses filles qui toutes deux ont 50000 livres de rente, mourant comme un chien » : telle est l’indication que l’on peut lire dans l’album de Balzac qui contient le germe du Père Goriot. Mais ce roman est bien autre chose que le récit d’une agonie. C’est l’« éducation sentimentale » de Rastignac, jeune provincial monté à Paris, son apprentissage de la vie, de la société et des hommes. C’est aussi le portrait d’une ville livrée au plaisir, où les « honnêtes gens » se déchirent entre eux. C’est enfin Vautrin qui, sous des dehors bon enfant, cache un visage démoniaque.
A l’image de la pension Vauquer, le Père Goriot est un carrefour où se croisent les destins. Roman multiple, clef de voûte de la Comédie humaine, ce traité des passions n’ignore rien de ce qui est humain. Voilà pourquoi il n’a pas de morale.
Le Père Goriot est avant tout le récit d'une pension, la pension Vauquer où vivent les personnages qui forment la toile du roman. Le récit est surtout centré sur Eugène de Rastignac, jeune provincial venu étudier à Paris. Il s'agit ici du roman d'apprentissage d'un jeune ambitieux, mais qui reste humain, contrairement à la majorité des personnages. Il va rencontrer des personnages qui vont l'aider, il l'espère du moins, à gravir l'échelle sociale. Parmi ces rencontres, celle des filles du père Goriot et celle de Vautrin (le personnage le plus cynique) vont être déterminantes. On voit le jeune homme capable de faire preuve d'égoïsme (il est capable de spolier ses soeurs pour satisfaire son ambition et il en est conscient) mais aussi d'affection pour le Père Goriot. Son ami Bianchon, étudiant en médecine est peut-être le seul personnage vraiment sympathique. Non seulement, ses ambitions sont modestes, c'est-à-dire qu'elles ne transigent pas avec sa morale, mais il pratique son métier avec beaucoup de sensibilité. Ce personnage apporte un peu de lumière dans un monde par ailleurs assez sombre.
Ce qui ressort dans cette relation de Goriot et de ses deux filles, autant qu'avec les autres personnages, c'est à quel point l'argent est corrupteur. Le portrait que Balzac trace de son époque est en effet très sombre. C'est un monde corrompu et peuplé d'arrivistes. Les descriptions de Balzac sont longues (surtout au début) et précises mais ne sont pas ennuyeuses. Sa description de la maison Vauquer m'a même particulièrement éblouie: "Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu'il faudrait appeler l'odeur de pension.". Rien qu'avec cette phrase, j'ai ressenti cette odeur, celle des petits hôtels qui sentent toujours le renfermé. L'histoire ne m'a pas captivée absolument, trop d'intrigues pour un roman aussi court, mais je l'ai lue avec un très grand plaisir, notamment grâce à l'écriture vive de Balzac et la fin est grandiose. Une lecture qui me donne envie de continuer à découvrir l'oeuvre de Balzac dont c'est seulement le deuxième roman que je lis.